Au dernier jour du sommet, la Rwandaise Louise Mushikiwabo a été nommée nouvelle secrétaire générale de la Francophonie.
Le 17e Sommet de la Francophonie a clôturé ses travaux à Erevan, capitale d’Arménie, le vendredi 12 octobre, après deux jours de débats houleux où les représentants des 54 pays membres ont assisté à un affrontement entre deux visions de la Francophonie. Une première défendue par le président français, Emmanuel Macron, qui veut recentrer l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) sur ses missions essentielles, notamment la promotion de la langue française, et une seconde exprimée par la secrétaire générale, la Canadienne Michaëlle Jean, qui voit beaucoup plus l’OIF comme une organisation de défense des droits de l’homme.
En effet, le premier jour du sommet a été marqué par les débats sur l’adhésion de nouveaux membres observateurs. L’Irlande et Malte qui comptent respectivement 12 % et 13% des francophones, ainsi que la Gambie, petit pays anglophone entouré de pays francophones, et l’Etat américain de Louisiane où vivent 200000 francophones, ont été acceptés comme membres observateurs. Par contre, l’Arabie saoudite, qui souhaitait ce statut, a retiré sa candidature qui avait suscité ces derniers jours de vives critiques au sein de la Francophonie à cause des accusations de violations des droits humains, selon des ONG. La plupart des experts estiment que Riyad a retiré sa candidature car il risquait de la voir rejetée pour une deuxième fois, après celle de 2016, en pleines interrogations sur ladisparition mystérieuse en Turquie du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, très critique envers le pouvoir.
Quant au principal enjeu du sommet — le choix de la nouvelle patronne de la Francophonie —, c’est Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères du Rwanda, — soutenue par l’Afrique et la France — qui a remporté le poste face à Michaëlle Jean. « Je suis venue à Erevan Rwandaise, Africaine, je repars francophone », a réagi la nouvelle secrétaire, affirmant que son objectif désormais est que l’OIF « pèse beaucoup plus sur l’échiquier mondial ». Mme Mushikiwabo a promis une méthode très différente de la précédente: elle n’a dit aucun mot ni sur les droits de l’homme ni sur cette Francophonie politique défendue par Michaëlle Jean, mais seulement une promesse d’ordre linguistique : « lutter, avec les Etats fiers d’appartenir à l’OIF, contre la disparition progressive du français ».
En réaction à la victoire de sa rivale, Mme Jean a paru peu diplomatique, demandant si « nous sommes prêts à ce que les organisations internationales soient utilisées à des fins partisanes ». Une allusion au soutien français à la candidature de la Rwandaise que nombre d’observateurs ont vu comme une occasion pour la France de se réconcilier avec le Rwanda.
En fait, la nomination de Louise Mushikiwabo consacre le retour de l’Afrique à la tête de l’OIF, qui avait toujours été dirigée par des Africains depuis sa création, en 1970, mis à part les quatre dernières années. L’Afrique regroupe déjà 27 des 54 Etats membres ayant droit de vote. Selon l’OIF, 85% des francophones en 2050 vivront sur le continent africain, soit un total de 700 millions, contre 274 millions aujourd’hui, de quoi faire du continent noir le moteur d’une francophonie des affaires qui émerge désormais comme la réponse aux défis contemporains. Déjà, l’Afrique a affirmé son poids à Erevan avec la présence d’une trentaine de pays et près de 15 chefs d’Etat dont Alpha Condé, président de la Guinée, Denis Sassou, président du Congo, Paul Kagamé, président du Rwanda, Issoufou Mahamadou, président du Niger, et Faustin Touadéra, président de la Centrafrique, qui ont assisté au sommet pour réaffirmer leur attachement aux valeurs de la Francophonie et plaider leurs causes ainsi que celles de l’Afrique qui fait face à de multiples défis politique, socioéconomique, climatique et surtout sécuritaire.
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