Le président Paul Biya est le favori parmi les 7 candidats en lice.
Sur les huit candidats en lice à la présidentielle du dimanche 7 octobre dont les résultats seront connus dans 14 jours, le président du Cameroun, Paul Biya, est presque sûr de l’emporter. Bien qu’il brigue un septième mandat, qu’il soit au pouvoir depuis 36 ans et qu’il ait 85 ans, il reste le favori. Paul Biya a été omniprésent dans les débats et sur les affiches collées par milliers partout dans le pays.
Pourtant, un coup de théâtre a surpris le monde politique camerounais : pour la première fois depuis la présidentielle de 1992, deux opposants de poids ont formé une coalition contre Biya. Akere Muna, ancien bâtonnier du Cameroun, s’est désisté en faveur de Maurice Kamto, candidat majeur de l’opposition, ancien ministre délégué à la Justice (2004-2011) et transfuge du parti au pouvoir. Deux autres candidats sortent du lot et peuvent espérer un score significatif : Joshua Osih, candidat du Social Democratic Front (SDF, principal parti d’opposition) malgré une campagne timorée, et Cabral Libii, benjamin de l’élection à 38 ans.
Si le scrutin s’est déroulé dans le calme en zone francophone, dans les deux régions anglophones que compte le pays, l’insécurité a perturbé l’élection. Les premières heures du scrutin ont été émaillées de violences. Au moins trois hommes armés appartenant au camp des séparatistes ont été abattus par les forces de sécurité dans la ville de Bamenda, au nord-ouest du Cameroun, alors qu’ils tentaient de perturber le vote, a rapporté une source de sécurité. Ces hommes circulaient en motocyclette d’où ils tiraient en direction des passants, selon ces sources. Ils ont été abattus après une traque des forces de sécurité. Dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7, dans cette même ville de Bamenda, un tribunal a été incendié par « des hommes armés », selon des témoins. A Buea, dans le sud-ouest, l’autre région anglophone du Cameroun, des coups de feu ont été entendus à la mi-journée par des journalistes de l’AFP. Ils ciblaient une voiture du quotidien gouvernemental Cameroon Tribune et celle du sous-préfet, mais n’ont pas fait de blessés. Les séparatistes des régions anglophones du Cameroun qui affrontent l’armée camerounaise avaient promis que le 7 octobre serait une journée sans vote en Ambazonie, le nom de leur république autoproclamée.
Séparatisme du côté des anglophones
Dans le conflit en zone anglophone, plus de 175 membres des forces de défense et sécurité camerounaises ont été tués ainsi que plus de 400 civils, selon les ONG. Aucun bilan n’est disponible du côté séparatiste. La tenue du scrutin paraît très incertaine dans ces régions où plus de 300 000 personnes ont dû fuir leurs domiciles. Cette situation tendue dans les zones anglophones a suscité l’inquiétude du secrétaire général de l’Onu. Ce dernier a condamné dans un communiqué toute menace de violences et d’intimidation par quelque groupe que ce soit à l’occasion de ce scrutin. Antonio Guterres invite par ailleurs tous les candidats à résoudre tout grief lié à l’élection par les voies légales et constitutionnelles.
De l’avis de l’ensemble des observateurs de la vie politique camerounaise, le scrutin présidentiel a suscité un engouement inédit. Les débats ont été vifs, la campagne vivante, mais l’issue du scrutin n’est-elle pas connue d’avance ? « Nous ne pouvons pas être sereins, car la fraude est dans l’ADN du régime, mais nous nous sommes donné l’objectif d’être présents dans le maximum de bureaux pour que nos scrutateurs leur compliquent la tâche », explique Maurice Kamto, l’une des principales figures de l’opposition, dans un article publié le 7 octobre sur le site du Monde. Selon le candidat du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), interrogé à la veille de l’élection, « boycotter, c’est dérouler un tapis rouge à Paul Biya. Je crois que les Camerounais ont changé et n’accepteront plus n’importe quoi ».
Pourtant, les partisans du président Biya qui sont sûrs de sa victoire ne s’inquiètent guère des éventuelles protestations populaires ou les recours juridiques pour contester le résultat de l’élection, que le Conseil constitutionnel doit proclamer dans les 15 jours après la fin du scrutin. « Nous assistons à une compétition très disputée avec une saine émulation, mais le président sera réélu largement », a indiqué Grégoire Owona, ministre du Travail et secrétaire général adjoint du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC).
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