Selon le traité signé dimanche 5 août à Khartoum, le gouvernement de transition sera au pouvoir pendant 36 mois.
(Photo:Reuters)
Après de nombreuses tentatives internationales et régionales désespérées pour ramener la paix au plus jeune Etat du monde, les parties rivales au Soudan du Sud ont signé, dimanche 5 août à Khartoum, un accord final sur le partage du pouvoir dans un pays ravagé par une guerre civile depuis 2013. Les deux grands hommes du Soudan du Sud, le président, Salva Kiir, et son ex-vice-président et chef des rebelles, Riek Machar, se sont enfin mis d’accord pour mettre fin à leurs divergences. L’accord prévoit un retour de M. Machar pour occuper le poste de vice-président dans un gouvernement d’unité nationale. Un poste qu’il occupait avant le début de la guerre civile en 2013, jusqu’à ce que le président Kiir l’accuse de préparer un coup d’Etat. « C’est un grand pas vers un accord de paix définitif au Soudan du Sud », a annoncé Kiir lors de la cérémonie de signature de l’accord, où étaient présents les présidents du Soudan, du Kenya, de l’Ouganda et de Djibouti.
Selon les termes de l’accord, le gouvernement de transition sera composé de 35 ministres— 20 du groupe de Salva Kiir et 9 de celui de Riek Machar— le reste représentant les autres groupes. Le parlement comptera 550 députés, dont 332 du groupe de Salva Kiir et 128 de celui de Riek Machar. Outre M. Machar, il y aura aussi quatre autres vice-présidents. Mais à la veille de la signature de l’accord, M. Kiir avait souligné— tout en assurant que les efforts de paix n’allaient « pas s’effondrer » —, que les défis posés par la composition d’un tel gouvernement de transition étaient grands. « Regardez la taille du gouvernement, regardez la taille du parlement, comment pouvez-vous les payer ? Où les installer ? », a-t-il lancé dimanche en expliquant que c’est une très grande responsabilité à gérer. Mais tout de même, il a tenu à se montrer optimiste: « L’accord signé aujourd’hui doit tracer la voie pour mettre fin au conflit et à la guerre dans notre pays. Nous devons oeuvrer à l’unité de notre peuple ».
Trois mois pour former un gouvernement
De son côté, Riek Machar a appelé l’organisation régionale qui oeuvre depuis de longs mois à réactiver le processus de paix au Soudan du Sud, l’Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement), à bien s’assurer de la mise en oeuvre de l’accord de partage du pouvoir. Car un accord similaire, signé en 2015, avait été violé après une bataille meurtrière à l’issue de laquelle Riek Machar était parti en exil. Cette fois-ci, cependant, le principal médiateur, le président soudanais Omar Al-Béchir, a assuré que les médiateurs feraient tout pour assurer l’application de l’accord. Il a aussi indiqué que son objectif pour le Soudan du Sud était de relancer la production pétrolière dans l’Etat d’Unité, l’un des plus riches en pétrole, d’ici le 1er septembre. Une grande récompense qui, selon les spécialistes, a incité et a encouragé les parties de conflit à se réconcilier, surtout avec la mauvaise situation économique du pays. Les négociations vont se poursuivre à Khartoum, a indiqué le chef de la diplomatie soudanaise, Al-Dierdiry Ahmed. Une fois l’accord de paix définitif signé, les belligérants auront trois mois pour former un gouvernement de transition, qui sera au pouvoir pour une durée de 36 mois.
Aussitôt après la signature de l’accord, le chargé d’affaires américain au Soudan, Steven Koutsis, a salué l’événement. « Nous soutenons toute initiative pour apporter la paix au Soudan du Sud et nous espérons que ce processus se poursuivra », a-t-il indiqué à des journalistes. Par le passé, toutefois, les Etats-Unis s’étaient montrés sceptiques face aux chances de succès. « Un accord étroit entre les élites ne va pas résoudre les problèmes qui affectent le Soudan du Sud. De fait, un tel accord pourrait planter les graines d’un nouveau cycle au conflit », avait mis en garde Washington en juillet, doutant de la capacité des deux figures politiques à trouver une issue à la guerre. Cependant, tous les observateurs s’accordent sur un point: les belligérants n’ont d’autres solutions que de se réconcilier.
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