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Zimbabwe : Des élections sous le signe du scepticisme

Sabah Sabet avec agences, Lundi, 16 juillet 2018

quelques semaines des premières élections de l’après-Mugabe au Zimbabwe, la tension persiste. Sceptique, l’opposition craint des manoeuvres de fraudes.

Des élections « libres, transparentes et honnêtes ». Ce sont les promesses annoncées par Emmerson Mnangagwa, président du Zimbabwe et candidat à sa propre succession, à propos du double scrutin présidentiel et législatif prévu le 30 juillet, les premières élections de l’après-Robert Mugabe au Zimbabwe. En effet, ce dernier, au pouvoir depuis 1980, avait été contraint de démissionner en novembre 2017, lâché par l’armée et son parti, la Zanu-PF. Son successeur, son ancien vice-président, Emmerson Mnangagwa, est donné favori de la présidentielle.

Les belles promesses de ce dernier laissent cependant l’opposition sceptique. Elle dénonce déjà plusieurs manoeuvres du pouvoir pour truquer le scrutin. La dernière controverse a eu lieu vendredi 13 juillet, avec le vote anticipé des policiers et des militaires. Ce jour-là, le Mouvement pour un changement démocratique (MDC), principal parti de l’opposition, a critiqué les conditions de ce scrutin qui a eu lieu la veille, dénonçant des pressions sur ces électeurs en uniforme. « Nos enquêtes ont montré que les policiers votaient alors que leurs employeurs les surveillaient », a affirmé vendredi 13 juillet à l’AFP un porte-parole du MDC, Nkululeko Sibanda, en indiquant que ni la commission électorale du Zimbabwe, ni les partis n’étaient présents. Des accusations rejetées par un responsable de la police en charge de superviser les opérations de vote, Erasmus Makodza, qui a assuré que le processus électoral s’est déroulé sans incident. « Aucun policier ou officier n’a été contraint de voter devant un supérieur », a-t-il assuré à la presse.

La Commission électorale (ZEC) a, elle aussi, catégoriquement réfuté les allégations de l’opposition. Sa présidente, Priscilla Chiguma, les a qualifiées de « regrettables », précisant que la ZEC n’était pas tenue d’être présente lors du scrutin des policiers et des soldats. Des membres de la mission d’observation de l’Union Européenne (UE) ont par contre assisté au vote à Bulawayo, fief de l’opposition. « Nous attendons le rapport de nos observateurs pour savoir si ces policiers ont effectivement pu voter de façon secrète », a expliqué leur porte-parole, Eberhard Laue.

Problème de listes électorales

En fait, sous le règne de l’ex-président Robert Mugabe, les élections étaient systématiquement entachées de fraudes et de violences visant les partis d’opposition et leurs partisans. Mais avec un tel héritage, l’opposition ne compte pas rester les bras croisés. Des milliers de ses partisans ont manifesté mercredi 11 juillet, pour la deuxième fois en moins d’une semaine, à Harare la capitale, pour mettre en garde le gouvernement contre toute velléité de fraude. « Nous voulons que cette élection se déroule de façon transparente », a lancé à la foule Nelson Chamisa, le dirigeant du MDC, à l’origine du rassemblement. Et d’ajouter : « Notre position est parfaitement claire. Nous ne participerons pas à une élection dont nous ne savons pas comment elle est organisée », a-t-il menacé.

En effet, la question des listes électorales fait l’objet depuis longtemps d’une vive controverse au Zimbabwe. Selon l’opposition, les nouvelles listes électorales souffrent de nombreuses irrégularités et le processus d’impression des bulletins de vote manque de transparence. « Nous en avons assez des élections volées », a ainsi déclaré l’ancien ministre des Finances, Tendai Biti (membre du MDC). « Nous ne ferons aucun compromis sur la question (de l’impression) des bulletins de vote », a de son côté insisté M. Chamisa.

Les listes électorales doivent donc faire l’objet d’un examen attentif des observateurs étrangers qui seront déployés au Zimbabwe pour s’assurer de la crédibilité du scrutin de fin juillet. Pour la première fois en seize ans, le Zimbabwe a accepté la présence d’observateurs de l’Union européenne, du Commonwealth et d’organisations américaines. L’UE a ainsi déployé plus de 40 observateurs chargés de surveiller le processus, dont certains ont assisté au vote dans les commissariats. Leur rapport sera donc très attendu pour réellement évaluer la promesse de transparence d’Emmerson Mnangagwa .

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