Sous état d’urgence, en proie à des violences djihadistes et des tensions intercommunautaires, le Mali s’apprête à tenir le premier tour de l’élection présidentielle prévue le 29 juillet. 24 candidats se sont lancés dans la campagne électorale qui a débuté samedi 7 juillet, mais 2 uniquement parmi eux sont les deux principaux rivaux : le président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, élu en 2013, et le chef de l’opposition malienne et président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), Soumaïla Cissé. Les candidats ou leurs représentants ont signé vendredi 6 juillet un «
code de bonne conduite », lors d’une cérémonie sous l’égide du ministre de la Réconciliation, visant à éviter des troubles dans le pays. Dès le lancement de la campagne, des rassemblements électoraux ont été tenus et des affiches ont envahi les rues de Bamako, la capitale.
Bien que la situation sécuritaire soit tendue et qu’une partie du pays échappe au contrôle de l’Etat, la sécurité a été renforcée pour cette campagne et plus de 30 000 membres des forces de sécurité et de défense ont été mobilisés pour « sécuriser les candidats sur le terrain et les opérations de vote », selon le ministère de la Sécurité intérieure.
La communauté internationale, présente notamment avec la Mission de l’Onu au Mali (Minusma) et la force française Barkhane, attend de cette élection une relance de l’application de l’accord de paix signé en mai-juin 2015, qui accumule les retards. Malgré l’interruption des réunions entre signataires de l’accord de paix pendant la période électorale, le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, a souhaité que des « mesures de confiance » en favorisent à terme la mise en oeuvre. Il a ainsi cité « le fait que les groupes s’associent avec nous dans les régions du nord pour sécuriser les bureaux de vote », en référence aux groupes signataires de cet accord.
Le défi sécuritaire est donc l’un des principaux défis de ce scrutin. L’Union Européenne (UE) a déployé cette semaine un premier groupe de 20 observateurs, dont les effectifs doivent atteindre 80 le jour du scrutin, a annoncé la Mission d’observation électorale de l’UE au Mali dans un communiqué. Quant à la Minusma, elle s’est engagée à transporter les candidats qui en font la demande, essentiellement dans les zones du nord, a déclaré samedi à l’AFP son chef, Mahamat Saleh Annadif.
Le Conseil de sécurité de l’Onu a assorti la semaine dernière son renouvellement pour un an du mandat de la Minusma d’une mise en garde aux parties maliennes pour obtenir des progrès rapides dans le processus de paix.
Depuis la signature de l’accord de 2015, les violences ont non seulement persisté, mais aussi se sont propagées du nord vers le centre et le sud du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des tensions ou des conflits intercommunautaires. Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaëda, en grande partie chassés ou dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.
Mais la tenue du scrutin n’est pas à même, à elle seule, de mettre fin à la crise. Réunies samedi au sein d’une plateforme, des associations de la société civile jugeant « inopportune » l’élection du 29 juillet prochain ont appelé les Maliens à une prise de responsabilité pour sortir le pays de la crise. Selon elles, un président seul ne doit pas endosser tous les problèmes que vit le Mali.
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