Après dix-huit ans de «
guerre froide », l’espoir du retour d’une paix entre l’Erythrée et l’Ethiopie renaît enfin. Le président érythréen, Issayas Afeworki, a annoncé, mercredi 20 juin, l’envoi d’une délégation dans les prochains jours à Addis-Abeba pour discuter les termes d’une paix avec l’Ethiopie en saluant les «
signaux positifs » du nouveau premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed. «
Les signaux positifs émis ces derniers jours peuvent être considérés comme l’expression du désir de paix des deux pays », s’est félicité le président érythréen dans une allocution télévisée, en ajoutant que la délégation a pour but d’évaluer les développements actuels directement et en profondeur ainsi que d’élaborer un plan d’action.
En fait, l’envoi de cette délégation répond à l’offre faite le 5 mai par le nouveau premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, d’appliquer dans sa totalité l’accord d’Alger signé à la fin de la guerre entre Asmara et Addis-Abeba (1998-2000). Abiy Ahmed a surpris les Ethiopiens, en se déclarant prêt à mettre en oeuvre intégralement l’accord de paix conclu avec l’Erythrée. Pourtant, la délégation érythréenne ne va ni faire la paix, ni délimiter la frontière. Elle aura pour mission de préparer le voyage hautement symbolique du premier ministre, Abiy Ahmed, à Asmara. Ensuite, seulement pourront avoir lieu des gestes concrets, comme le retrait des troupes éthiopiennes de Badmé, le village où la guerre avait commencé, devenu point émotionnel national et qui doit être, selon les conclusions de la commission frontalière, concédé à l’Erythrée.
Les deux pays qui se sont affrontés militairement entre 1998 et 2000, entretiennent toujours des relations conflictuelles. Leur frontière commune reste fortement militarisée et son tracé est toujours contesté, notamment à Badmé. La Cour permanente d’arbitrage de La Haye en a attribué la souveraineté à l’Erythrée en 2002, mais Addis-Abeba a ignoré ce jugement et la ville est restée sous administration éthiopienne.
Bien que cette orientation vers la paix et l’application de l’accord d’Alger aient été bien reçus et même félicités par la communauté internationale, à sa tête l’Onu, cette politique est contestée implicitement par certaines instances en Ethiopie, surtout sécuritaires. Selon l’analyste Amani Al-Taweel, « l’attaque visant le premier ministre est liée à sa décision concernant l’accord de paix avec l’Erythrée, certaines n’en veulent tout simplement pas ».
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