Lundi, 13 janvier 2025
Al-Ahram Hebdo > Afrique >

Echos économiques : La dette africaine, un frein au développement

Lundi, 03 juin 2013

C’est au cours des célébrations marquant le jubilé d’or de l’Union africaine à Addis-Abeba que Dilma Roussef, présidente du Brésil, a annoncé la restructuration des dettes africaines portant sur un montant total de 900 millions de dollars. 12 pays africains « bénéficieront » de cette restructuration dont le Congo-Brazzaville avec une dette de 352 millions de dollars, la Tanzanie avec 237 millions et la Zambie avec 113,4 millions. Ils sont suivis par le Ghana, la Guinée-Bissau, le Gabon, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Soudan, la Mauritanie, Sao Tomé-et-Principe et la République du Congo.

Peut-on pour autant considérer la déclaration de la présidente brésilienne comme un cadeau, symbole de la « Collaboration Sud-Sud » ? Nombreux sont les observateurs africains qui estiment qu’il s’agit d’un cadeau empoisonné d’autant plus sinistre qu’il provient d’un pays du Sud. En effet, il semble clair que les richesses naturelles africaines vont bientôt prendre la direction des industries brésiliennes.

Pour les pays africains cette dette constitue une part essentielle de leur budget et le service de la dette peut s’élever jusqu’à 35 à 40 % du budget national. En 2009, en pleine crise financière internationale, la dette extérieure publique de l’Afrique se chiffrait à 130 milliards de dollars.

La majeure partie de la dette due au Brésil avait fait l’objet de nombreuses renégociations. A chaque fois, les échéances étaient reportées et les taux d’intérêt réajustés. En résumé, les dettes du continent africain étaient réechelonnées et les pays africains se voyaient contraints de traîner toujours plus longtemps le « boulet » de leurs dettes.

En fait à regarder de plus près les déclarations brésiliennes, il n’est pas question d’annuler la dette. Il s’agit en fait de la restructurer avec « l’introduction de meilleurs taux d’intérêt et des délais de remboursement plus longs », comme l’a indiqué le porte-parole du gouvernement brésilien au cours d’une conférence de presse.

Pour de nombreux observateurs, l’enjeu ne concerne plus la restructuration de la dette africaine, mais son annulation « pure et simple ». En 1996, l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) a été lancée par la Banque Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI). Elle consistait à ramener la dette de 41 pays (dont 34 pays africains) à des niveaux jugés « acceptables », à savoir réduire de 100 milliards de dollars la dette des pays les plus pauvres envers les créanciers internationaux. A l’époque déjà, nombreux étaient ceux qui estimaient que pour ces pays appauvris qui avaient déjà du mal à répondre aux besoins de base de leur population, l’annulation de la dette était la seule solution. Or depuis, ni la position de la BM, ni celle du FMI ont changé : ils restent tous deux opposés aux demandes d’annulation des dettes.

Cependant, annuler la dette publique africaine ne suffira pas. En effet, pour s’attaquer à la pauvreté et favoriser le développement, il faut s’attaquer aux causes du problème. Et elles sont nombreuses en Afrique, à commencer par le pillage des matières premières des Africains, le soutien aux dictatures qui détournent les richesses du pays à leur profit et la détérioration des termes de l’échange dans le cadre des accords de l’OMC avec ses Plans d’Ajustement Structurel (PAS).

BAD

Nouvelle stratégie

Le président de la Banque Africaine du Développement (BAD), Donald Kaberuka, a dévoilé récemment la nouvelle stratégie décennale de la BAD. Mettant l’accent sur 3 domaines prioritaires, la nouvelle stratégie vise une croissance en termes de Produit Intérieur Brut (PIB) qui créerait des emplois et instaurerait la confiance.

L’infrastructure, l’intégration économique régionale et le développement du secteur privé sont les 3 cibles de cette nouvelle stratégie. De plus, la bonne gouvernance et l’obligation de « rendre des comptes » sont également l’une des conditions requises par la BAD, ainsi que le développement des compétences et de la technologie.

Dévoilée lors de la cérémonie officielle des 48es assemblées annuelles de la BAD se tenant à Marrakech (Maroc), cette stratégie est conçue de manière à « permettre à toutes les régions et à toutes les catégories socioéconomiques de participer pleinement à la prospérité », a déclaré Donald Kaberuka. Il a ajouté que le moment était venu de « passer à la vitesse supérieure ».

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique