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Un résultat connu d'avance

Sabah Sabet, Lundi, 03 juin 2013

Comme prévu, le camp présidentiel en Guinée équatoriale a remporté la majorité absolue aux élections parlementaires. L'opposition dénonce des fraudes.

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Le scrutin du 26 mai s'est déroulé dans un climat tendu. (Photo : AP)

Sans surprise, le parti du président guinéen Teodoro Obiang, au pouvoir depuis 33 ans, a annoncé samedi avoir remporté « la majorité absolue » aux élections parlementaires et locales du 26 mai, qualifiées de « bidon » avant même les résultats par l’opposition qui crie à la fraude.

La présidence équato-guinéenne a annoncé dans un communiqué — qui ne donne ni pourcentages ni taux de participation — que le Parti Démocratique de Guinée Equatoriale (PDGE) a remporté « la majorité absolue dans toutes les circonscriptions ».

Le parti d’opposition Convergence pour la démocratie sociale (CPDS), selon le communiqué présidentiel, obtient un unique siège au Parlement, un autre au Sénat, et cinq sièges de conseillers municipaux.

Dans la circonscription de Malabo, la capitale, le PDGE a obtenu 9 sièges sur 10 à la Chambre des députés, 5 sièges de sénateurs sur 6 et 12 de conseillers municipaux sur 13, selon la même source. « A Bata, la deuxième ville du pays, le PDGE a obtenu les 10 sièges de députés appartenant à cette circonscription », poursuit le communiqué présidentiel.

Le 26 mai, les électeurs de Guinée équatoriale étaient appelés à renouveler les conseils municipaux et l’Assemblée nationale — où ne siégeait déjà qu’un seul opposant sur cent députés — et à désigner pour la première fois les 70 membres du Sénat, comme voulu par la nouvelle Constitution.

L’issue du scrutin ne faisait aucun doute, le PDGE ayant formé une coalition électorale regroupant la quasi-totalité des partis du pays. Seuls deux partis d’opposition, le CPDS et l’Action populaire, présentaient des candidats indépendants.

Pour l’opposition, ces élections sont bidon, comme les autres scrutins organisés par le président au pouvoir.

« Ces résultats sont fabriqués par le PDGE, qui est caractérisé par la fraude. Les résultats étaient connus d’avance. Tant qu’Obiang sera président de la République et président du parti, ce pays n’aura pas de démocratie », a réagi le porte-parole du CPDS, Andres Esono Ondo.

« Si je me présente, c’est pour alerter l’opinion publique internationale », avait affirmé à l’AFP le jour du scrutin Placido Mico, l’unique député d’opposition à l’Assemblée, et dont le mandat a été reconduit.

Le scrutin s’est par ailleurs déroulé dans un climat de tension. Une manifestation contre le régime a été empêchée le 15 mai, et plusieurs opposants, arrêtés au cours des semaines précédant le scrutin, n’ont été libérés qu’au lendemain des opérations de vote.

Appelant la France et les Etats-Unis à les aider « à en finir avec le régime », les 200 personnes qui s’étaient rassemblées place de la Femme à Malabo s’étaient rapidement dispersées en raison d’une forte présence policière, qui bloquait les rues et les carrefours adjacents, avait constaté l’AFP.

« Nous sommes un pays de paix et nous ne voulons pas d’ingérence dans nos affaires », avait averti le président Obiang, la veille du scrutin, dans une intervention à la télévision nationale. Et d’ajouter : « Les ambassadeurs des Etats-Unis et de la France doivent s’abstenir de se mêler des affaires de ce pays, nous sommes un pays indépendant et nous pouvons révoquer n’importe quel type de coopération, nous ne recevons de leçon de personne ».

En outre, le réseau social Facebook ainsi que les sites de plusieurs partis d’opposition avaient été bloqués quelques jours avant la manifestation, ce qui avait incité l’organisation Reporters Sans Frontières (RSF) à dénoncer un « acte de censure sur ordre présidentiel ».

Le gouvernement équato-guinéen avait démenti son implication, évoquant dans un communiqué un virus informatique venant de l’extérieur.

Le scrutin était organisé dans le prolongement de la réforme constitutionnelle de novembre 2011, qui prévoit notamment une limitation à deux du nombre de mandats présidentiels, et qui a été approuvée par 97,7 % des Equato-Guinéens.

Ces scores-fleuves n’ont rien d’étonnant pour la Guinée. En 2009, Obiang avait été réélu avec 95,37 % des suffrages et en 2002, il avait obtenu 97,1 % des voix.

Le président Obiang, arrivé au pouvoir en 1979 par un coup d’Etat, puis élu à quatre reprises, tente depuis quelques années de modifier l’image de son petit pays pétrolier de 700 000 habitants, souvent qualifié de « dictature » par les défenseurs des droits de l’homme.

Six mois après la réforme de 2011, le président Teodoro Obiang Nguema avait nommé son fils Teodorin Obiang deuxième vice-président chargé de la Défense et de Sécurité publique, bien que ce poste ne soit pas prévu par la nouvelle Constitution, préparant ainsi sa succession selon de nombreux observateurs.

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