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Faim zéro en Afrique d’ici 2025 : Un défi difficile à relever

Sabah Sabet avec agences, Mardi, 27 février 2018

Trouver les moyens d'éradiquer la famine et l'insécurité alimentaire dans le continent africain. Tel était l’objectif de la 30e Conférence régionale de l’Organisation de l’Onu pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), tenue du 19 au 25 février à Khartoum. Bilan.

Faim zéro en Afrique d’ici 2025  : Un défi difficile à relever
Selon la FAO, environ 224 millions de personnes sont sous-alimentées à travers le continent africain. (Photo : AP)

Des millions de personnes en Afrique sont menacées par la faim : un cri d’alarme lancé lors de la 30e Conférence régionale pour l’Afrique, tenue du 19 au 25 février à Khartoum. « Environ 224 millions de personnes sont sous-alimentées à travers le continent africain, où le changement climatique et les conflits renforcent l’insécurité alimentaire », s’est alarmé Bukar Tijani, le directeur général adjoint pour l’Afrique de l’Organisation de l’Onu pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), et ceci au premier jour de la conférence. Des délégations de 51 pays, des représentants de 18 organisations internationales et de 5 pays observateurs ont participé à la conférence destinée à discuter des moyens d’éradiquer la famine et de lutter contre l’insécurité alimentaire, « un sujet de préoccupation pour nous tous, alors que la population du continent devrait atteindre 1,7 milliard de personnes d’ici 2030 », selon un haut responsable de l’Onu. Selon les chiffres de l’organisation, la sous-alimentation est passée en Afriquede 21% à 23 % environ entre 2015 et 2016. Au cours de la même période, le nombre de personnes sous-alimentées a augmenté de 200 à 224 millions.

Changement climatique, surpopulation et conflits

Cette situation alimentaire inquiétante est due d’un côté aux changements climatiques avec son lot de catastrophes naturelles (inondations, sécheresses, mauvaises récoltes, etc.). Touchée à intervalles réguliers par des épisodes de grande sécheresse, la Corne de l’Afrique a été exposée à une répétition des famines. La Somalie en a ainsi payé un lourd tribut en 2011, avec la mort de 258000 personnes provoquées par une grande sécheresse, sans compter la crise politique qui y sévit depuis de longues années.

De l’autre, la situation alimentaire est aggravée par des conflits. Des pays comme la Somalie, le Soudan du Sud, la République centrafricaine et le nord-est du Nigeria ont été déchirés et ont subi les plus grands ravages. « Dans ces pays-là, même quand la nourriture est disponible, les aliments sont (souvent) trop chers et ne peuvent atteindre les zones de conflit », a indiqué Bukar Tijanin (voir encadrés).

Autre facteur important, la surpopulation. Les besoins sont donc immenses, et encore loin d’être satisfaits. La faiblesse des agricultures locales rend ces pays totalement dépendants de l’aide alimentaire et des importations. « Nous avons, en plus, encore une agriculture de subsistance. Il faut voir comment nous pouvons améliorer la productivité, pour produire plus sur les mêmes surfaces », insiste Brave Ndissalé, directeur de la sécurité alimentaire auprès de la FAO, en assurant que la FAO peut apporter des appuis techniques et financiers sur le continent. « On peut accompagner les gouvernements qui le souhaitent, nous avons beaucoup de bouches à nourrir. Il faut intensifier notre agriculture », martèle-t-il.

Des opportunités quand même

Loin des facteurs négatifs, la croissance économique de l’Afrique est en hausse, et ses marchés agricole et alimentaire devraient atteindre 1000 milliards de dollars d’ici 2030, selon des estimations, créant ainsi des opportunités pour de nouveaux investissements. Ainsi, la rencontre a porté plus précisément sur le développement durable de l’agriculture et des systèmes alimentaires en Afrique, l’amélioration des moyens de production et de création d’emplois décents et attrayants pour les jeunes. Des thèmes dont il est urgent de s’occuper alorsque la population du continent devrait atteindre 1,7 milliard de personnes d’ici 2030.

Le directeur général de la FAO s’est dit néanmoins optimiste sur le fait qu’une intervention énergique de la communauté internationale visant à faire face à ces tendances négatives relatives à la faim aiderait à inverser la tendance. « La FAO a lancé aujourd’hui la publication. Atteindre l’objectif Faim Zéro en Afrique d’ici 2025 ». Selon le directeur général de la FAO, le Fonds vert pour le climat est maintenant opérationnel et permet de financer les pays en développement dans le cadre de leurs efforts visant à faire face au changement climatique, notamment à ses répercussions sur l’insécurité alimentaire, c'est une autre raison d’optimisme. En outre, de plus en plus de signes laissent entrevoir une relance de l’économie mondiale, ce qui créerait des conditions favorables pour le développement. « L’objectif Faim Zéro est réalisable. Cela ne dépend que de nous, nous devons redoubler d’efforts et encourager l’engagement politique et la mise en oeuvre d’actions concrètes, en temps opportun, comme cela n’a jamais été le cas auparavant », a plaidé le directeur général de la FAO.

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