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Echos économiques : Célébrations et réflexion

Eva Dadrian, Lundi, 20 mai 2013

Pour marquer son demi-siècle d’existence, l’Union Africaine (UA) organise une grande manifestation à Addis-Abeba le 25 mai. Cette 50e année se déroule sous le thème : Panafricanisme et renaissance africaine, thème qui, pour beau­coup d’Africains, ressuscite le débat sur les capa­cités du continent à réaliser son unité et son décollage économique.

Cependant, la célébration ne devrait pas être uniquement festive, elle devrait donner lieu à la réflexion sur les 50 ans passés et « tracer la voie pour les 50 prochaines années pour un dévelop­pement durable », comme l’aurait déclaré récem­ment le secrétaire général de l’UA, l’ambassadeur Jean Mfasoni.

Le bilan au crédit des 50 années qui viennent de s’écouler ne pèse pas lourd, ou du moins pèse lourd du côté des revers et des résolutions négli­gées. C’est peut-être pour ces raisons-là que la présidente de la Commission de l’UA, Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, a prévenu tout un chacun que « la célébration du cinquantenaire doit nous permettre de changer de paradigme. Plus nous serons unis, plus nous serons organi­sés, plus nous atteindrons rapidement notre objectif : le développement ».

Changer de paradigme devrait se concrétiser par le biais des conseils formulés le 15 mai 2013, à Kigali (Rwanda) par les experts présents au lancement du Rapport économique sur l’Afrique (RAE). Ceux-ci ont exhorté les pays africains à mettre en oeuvre, individuel­lement et collectivement, les recommanda­tions de l’édition 2013 dudit rapport.

Intitulé « Tirer le plus grand profit des produits de base africains : l’industrialisa­tion au service de la croissance, de l’emploi et de la transformation économique », le RAE recommande l’industrialisation mas­sive du continent, sur la base des ressources naturelles, mais aussi humaines.

Ce rapport devrait constituer un sérieux avertissement pour les gouvernements afri­cains. Il est vrai qu’on ne cesse de répéter que le principal problème à la lutte contre la pauvreté est celui du manque de finance­ment. Est-il vraiment possible de croire qu’en 50 ans la Commission Economique pour l’Afrique (CEA), l’UA et ses Etats membres n’aient pas réussi à trouver les fonds nécessaires à consacrer aux pro­grammes de lutte contre la pauvreté ? Est-ce vraiment une question de financement, de corruption ou de volonté politique ?

La réflexion sur les rapports précédents, tombés dans des oreilles sourdes, est une initiative recom­mandable, mais à présent les décideurs et les politiques africains ne doivent plus se contenter d’écouter uniquement. Ils doivent, comme l’indi­quent les experts, les économistes et surtout les populations africaines, « Ecouter et mettre en oeuvre, écouter et opérationnaliser le RAE ».

L’UA ne manque pas d’institutions et d’orga­nismes dont le mandat est le développement du continent.

Tout comme l’UA, ces institutions sont en place depuis 50 ans, sinon plus, comme la CEA. Créée en 1958 par le Conseil économique et social des Nations-Unies, la CEA est l’une des cinq impor­tantes commissions régionales. Son mandat est d’appuyer le développement économique et social de ses Etats membres, d’encourager l’inté­gration régionale et de promouvoir la coopération internationale pour le développement de l’Afrique. Bien que créée avant l’Organisation de l’UA qui a précédé l’UA, la CEA joue un « double rôle » : celui d’organisme régional des Nations-Unies et celui d’organisme intégrant régional en Afrique.

En tant qu’organisme des Nations-Unies, la CEA est le seul organisme onusien qui a pour mandat d’opérer aux niveaux régional et sous-régional pour mobiliser des ressources et les mettre au service des priorités de l’Afrique.

Aujourd’hui après plus de 50 ans, quel est le bilan de la CEA ? Pour le moins que l’on puisse dire, le développement du continent est en rétro­grade, la grande majorité des populations afri­caines sont dans la misère et les infrastructures sont inadéquates.

Il est vrai que depuis sa création, la CEA s’éver­tue à apporter des services consultatifs techniques aux gouvernements africains dans de nombreux domaines, tels que la politique macroécono­mique, l’intégration régionale, pour n’en nommer que quelques-uns. Cependant, les résultats posi­tifs de tous ces efforts sont négligeables et le continent reste la proie de la misère et incapable de nourrir les populations africaines.

Avec ses cinq divisions organiques, à savoir politique macroéconomique, intégration régio­nale et commerce, formulation de politiques sociales, initiatives spéciales et Centre africain pour la statistique, la CEA travaille sur les poli­tiques afin de façonner « la transformation de l’Afrique et de soutenir un rythme de croissance propre à corriger les vulnérabilités qui impactent la vie des populations ».

Parmi ces institutions figure l’Institut africain de développement économique et de planifica­tion (IDEP). Organe subsidiaire de la CEA, l’IDEP est une institution panafricaine créée en 1962 par l’Assemblée générale des Nations-Unies. Selon l’un de ses bulletins, le mandat de l’IDEP est de former les décideurs et les professionnels du développement, de fournir des services consultatifs aux gouvernements africains et aux organisations régionales, et de mener le débat, en toute liberté intellectuelle, sur les questions de développement en Afrique et ainsi préserver l’indépendance économique des pays africains.

En fêtant le 50e anniversaire de l’IDEP à Addis-Abeba en février dernier, le secrétaire exécutif de la CEA, Carlos Lopes, aurait déclaré : « La planification ne fonctionne que si elle est stratégique et soigneusement mise ensemble avec de bonnes données et, plus important encore, assidûment mise en oeuvre ». En effet, rien d’accompli si les résolutions et les décisions ne sont pas mises en oeuvre et finissent par s’entasser dans des dossiers qui, à leur tour, s’empilent sur les étagères et ramassent la poussière des années .

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