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L'Afrique sous la menace terroriste

Sabah Sabet avec agences, Mardi, 23 janvier 2018

La menace terroriste se fait plus persistante en Afrique avec la fusion attendue de Daech et d’autres groupes djihadistes dans la région du Sahel.

Les militants de Daech tentent de prendre pied sur le continent africain et cherchent à nouer des alliances avec les groupes djiha­distes, déjà en place. C’est du moins ce qu’af­firme cette semaine une source sécuritaire algérienne au site « indépendant », mais proche du Qatar, Middle East Eye, indiquant qu’un rapprochement était en cours entre les djihadistes de Daech et d’Al-Qaëda au Maghreb Islamique (AQMI) dans la région. « Même si cela ne se fait pas dans l’immédiat, tout indique qu’au Sahara, les cellules se revendiquant de Daech et de l’organisation affiliée à l’AQMI fusionneront dans l’avenir », a assuré cette source à l’occasion du 5e anni­versaire de la prise d’otages meurtrière sur le site gazier de Tiguentourine dans le Sahara algérien et de l’annonce par les autorités d’un retour de la production à son niveau d’avant l’attaque.

En effet, les propos de la source algérienne ne font que confirmer les déclarations du porte-parole de Daech, quelques jours plus tôt à l’Agence France Presse (AFP). Dans un entretien téléphonique rapporté par l’agence le 13 janvier 2018, un interlocuteur qui s’est identifié sous le nom de « Amar » a assuré que l’ensemble des djihadistes du Sahel « se don­naient la main pour combattre les mécréants ».Ce porte-parole est un proche de longue date d’Adnan Abou Walid Sahraoui, chef du groupe Daech dans le Grand Sahara (EIGS), qui opère dans la zone dite « des trois frontières ». Une région aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, sur laquelle se concentre la force conjointe en cours de constitution par la France, impliquant également la Mauritanie et le Tchad. « Nous allons tout faire pour que le G5-Sahel ne s’installe pas dans cette zone », a affirmé Amar. Et d'ajouter : « Nos frères Iyad Ag Ghaly et les autres moudjahidines défen­dent comme nous l’islam », en référence au chef touareg malien du groupe Ansar Dine, aujourd’hui, à la tête du groupe de « Soutien à l’islam et aux musulmans », la principale alliance djihadiste du Sahel, liée à Al-Qaëda et formée en 2017.

Une alliance qui a ses raisons, selon Amira Abdel-Halim, experte dans les affaires afri­caines au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Elle explique que, malgré les idéologies différentes entre Daech et les groupes terroristes déjà en place comme Aqmi, il existe des points d’ac­cord et de rapprochement entre eux. « Tous deux refusent l’Occident qu’ils jugent comme un ennemi et les deux ciblent les forces et les intérêts occidentaux dans les pays africains », explique Abdel-Halim. Et d’ajouter que des militants de Daech fuyant l’Iraq et la Syrie cherchent à trouver refuge dans la région du Sahel.

L’EIGS revendique
L’organisation d’Abou Walid Sahraoui, l’EIGS, a revendiqué le 12 janvier la paternité de l’attaque-suicide menée la veille contre un convoi de militaires français sur l’axe reliant Ménaka à Indélimane, près de Gao, qui a fait trois blessés dont un grave. « Les soldats du califat ont attaqué, jeudi 11 janvier, au petit matin, une colonne de l’armée française avec un véhicule piégé », indiquait le communiqué de l’organisation, revendiquant par la même occasion plusieurs autres attaques au Mali, au Burkina Faso et au Niger, dont celle qui a coûté la vie à quatre commandos des forces spéciales américaines en octobre 2017 au Tongo. Cette coopération a inquiété également le secrétaire général de l’Onu. Dans son der­nier rapport trimestriel sur la situation au Mali, rendu public le 26 décembre 2017, Antonio Guterres jugeait, en effet, « extrêmement pré­occupante » la situation dans le centre et le nord du pays. « En particulier dans les régions de Mopti et de Ségou, où il y a eu davantage d’actes terroristes ou liés au terrorisme que dans l’ensemble des régions du Nord », précise le rapport. Les deux groupes djihadistes agis­sent selon la Minusma (mission de l’Onu au Mali) « en parallèle et probablement en colla­boration ».

Si Daech a été chassé d’Iraq et de Syrie, la situation sera plus difficile sur le continent africain. « La mauvaise situation sécuritaire, le manque de contrôle des gouvernements sur plusieurs régions vont aider Daech à s’instal­ler et à faire des alliances avec certains groupes terroristes sur place. De plus, Daech peut recruter plus facilement des Africains souffrant de la pauvreté et de l’injustice et former ainsi une nouvelle menace », conclut Amira Abdel-Halim .

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