Initialement prévues en décembre 2017, les élections locales et régionales au Mali ont été reportées à avril 2018, soit trois mois à peine avant la présidentielle, censée se tenir en juillet prochain. C’est-à-dire que 2018 est l’année de tous les scrutins au Mali, un pays où l’instabilité règne en maître depuis plusieurs années.
D’ores et déjà donc, l’année 2018 suscite des interrogations au Mali. D’abord sur la capacité même des autorités maliennes à organiser ces élections. Le gouvernement a assuré que les scrutins auraient bien lieu, mais au sein de la classe politique, notamment chez l’opposition, c’est la défiance qui domine. D’abord, à cause des problèmes d’organisation et surtout de financement, des problèmes qui risquent d’empêcher leur tenue. Ensuite et surtout, à cause du report des élections locales et régionales, perçu comme l’expression de l’incapacité des autorités à stabiliser le nord et le centre du pays et de mettre en oeuvre l’accord de réconciliation issu du processus d’Alger, alors que les trois quarts du territoire échappent au contrôle de l’Etat. Signé en 2015, cet accord est censé isoler les groupes djihadistes qui s’étaient emparés du nord du Mali en mars-avril 2012, avant d’être en grande partie chassés par une intervention militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France et qui se poursuit aujourd’hui. Mais son application accumule les retards et des zones entières dans le nord, mais aussi dans le centre du pays, échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et onusiennes (Minusma).
D’autre part, le report fait également craindre un glissement du calendrier électoral, donc un ajournement de la présidentielle. Or, si la classe politique peut accepter les reports répétés des élections communales et régionales, ce n’est pas la même chose pour la présidentielle, qui a aussi des implications régionales. Bamako se trouve donc face à une équation difficile: des défis de taille qui risquent d’empêcher la tenue des élections et la nécessité, imposée par le contexte politique intérieur et régional, de les organiser aux dates prévues. Seul espoir, celui suscité par le lancement, également prévu en 2018, de la force conjointe G5 Sahel. Avec un contingent de 5000 soldats et un quartier général basé à Sévaré au Mali, le G5 Sahel aura pour mission principale de lutter contre le terrorisme dans le Sahel.
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