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Transition pacifique au Zimbabwe

Sabah Sabet avec agences, Dimanche, 26 novembre 2017

Mnangagwa est devenu le nouveau président par intérim du Zimbabwe, mettant fin aux trente-sept ans de règne autoritaire de Robert Mugabe.

Devant des dizaines de milliers de personnes et des chefs d’Etat étrangers, Emmerson Mnangagwa, 75 ans, cet ancien proche de l’ex-président, Robert Mugabe, a prêté serment vendredi dans un stade de la banlieue de la capitale Harare. Mnangagwa, qui a promis de redresser l’économie du pays et de tourner le dos à l’ancien régime, suscite l’espoir chez beaucoup de Zimbabwéens qui veulent tourner la page des trente-sept années de règne de Mugabe. « Nous allons créer des emplois pour notre jeunesse et réduire la pauvreté pour toute la population », a lancé Mnangagwa. Et d’ajouter : « Les actes de corruption doivent cesser sur-le-champ ». Conscient de la tâche titanesque qui l’attend, le « crocodile », comme on le surnomme, s’est par ailleurs engagé à protéger les investissements étrangers et à renouer avec la communauté internationale. « Dans ce monde global, aucune nation n’est, ne peut ou ne doit être une île », a-t-il insisté.Le nouveau chef de l’Etat n’a pas non plus manqué de rendre hommage à son prédécesseur. « Acceptons et reconnaissons tous son immense contribution à la construction du pays », a-t-il lancé à la foule.

En fait, Robert Mugabe a été poussé vers la sortie par un coup de force de l’armée, qui a pris le contrôle du pays dans la nuit du 14 au 15 novembre après le limogeage de Mnangagwa.

Cacique du régime depuis l’indépendance du Zimbabwe en 1980, le crocodile avait été sèchement limogé de son poste de vice-président sur ordre de la Première dame, Grace Mugabe, qui lui disputait la succession de son mari, à la santé de plus en plus fragile.

Après avoir résisté plusieurs jours aux pressions des militaires, de son parti, la Zanu-PF, et de la rue, Mugabe a fini par capituler mardi 21 novembre, en présentant sa démission, menacé par une procédure de destitution devant le parlement. Par ailleurs, la justice zimbabwéenne a jugé, vendredi dernier, légal le coup de force de l’armée qui a abouti à la démission de Mugabe, estimant que cette intervention visait à empêcher « des personnes non élues d’occuper des fonctions électives ». Alex Magaisa, expert zimbabwéen en droit, a critiqué ce jugement. « La justice a soutenu l’interprétation de l’armée selon laquelle il est autorisé et légal d’intervenir dans les affaires politiques », a-t-il écrit, samedi, sur le site Big Saturday Read. Et d’ajouter : « C’est un dangereux précédent qui met le gouvernement sous la coupe des militaires ».

Immenses attentes
En outre, dans un pays qui sort ruiné de l’ère Mugabe, les attentes des 16 millions de Zimbabwéens sont immenses. Mais les doutes persistent sur l’aptitude du nouveau chef de l’Etat, longtemps aux commandes de l’appareil répressif de Robert Mugabe, proche de la hiérarchie sécuritaire, et plusieurs fois ministre. Soucieux de rassurer, Mnangagwa a une nouvelle fois appelé vendredi ses concitoyens à « reconstruire le pays ».

Mugabe a laissé derrière lui une économie ruinée par ses réformes dévastatrices. Avec un taux de chômage de 90 %, les Zimbabwéens vivent des petits boulots, l’argent manque et le spectre de l’hyperinflation rôde. « La priorité du nouveau gouvernement, c’est de redresser la situation économique et financière catastrophique du pays », a souligné à l’AFP l’analyste Robert Besseling, de EXX Africa.

En outre, et en ce qui concerne la situation politique et démocratique, le principal parti d’opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), plaide pour un gouvernement d’union nationale jusqu’aux élections prévues en 2018.Mnangagwa n’a pas encore levé le voile sur ses intentions, mais il a promis que le scrutin se tiendrait « comme prévu » .

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