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Zimbabwe : Mugabe s’accroche au pouvoir

Sabah Sabet avec agences, Mercredi, 22 novembre 2017

Malgré les pressions qui s’accentuent sur le président zimbabwéen pour quitter le pouvoir, Mugabe refuse de quitter la présidence. Mais son pouvoir ne tient plus qu'à un fil.

Zimbabwe  : Mugabe s’accroche au pouvoir
(Photo : AP)

Après plus d’une semaine de pression et de nombreux appels à démissionner, le chef du Zimbabwe, Robert Mugabe, a créé une énorme surprise en refusant de quitter le pouvoir, lors de son allocution télévisée, dimanche 19 novembre, plongeant ainsi le pays dans la confusion. Après 37 ans de pouvoir, Mugabe, qui est placé en résidence surveillée par l’armée depuis plus d’une semaine, est lâché progressivement par tout le monde: armée, peuple et même ses plus fidèles alliés. Juste avant son allocution, le parti de Mugabe, la Zanu-PF, a décidé de l’écarter de la direction de son parti tout en demandant son départ.

Tout a commencé lorsque les militaires ont pris le contrôle du pays dans la nuit de mardi 14 à mercredi 15 novembre, pour protester contre la décision du président de limoger le vice-président Emmerson Mnangagwa. Casus belli pour eux, son éviction faisait de la première dame, Grace Mugabe, la favorite de la course à la succession de son mari, à la santé déclinante. Grace a finalement été le catalyseur de la crise politique actuelle à cause de ses ambitions présidentielles. Par ailleurs, l’intervention militaire a été saluée par les citoyens du pays qui sont descendus dans les rues pour demander le départ de Mugabe, au pouvoir depuis 1980. « Trop c’est trop, Mugabe doit partir », « Non à la dynastie Mugabe », affirmaient des affiches brandies par des manifestants euphoriques qui ont eu lieu samedi dernier par des dizaines de milliers de Zimbabwéens. Il s’agit de l’une des plus grandes manifestations jamais organisées au Zimbabwe, depuis l’indépendance du pays en 1980. Les manifestations organisées dans la capitale et la deuxième ville du pays, Bulawayo (sud-ouest), ont rassemblé des citoyens de tout bord politique et de toute couleur. Des proches du parti au pouvoir, la Zanu-PF, mais aussi de l’opposition, des Noirs et, fait rarissime, des Blancs, tous unis contre un seul homme : Robert Mugabe. Les manifestants avaient, dans une ambiance de fête, salué l’intervention militaire contre le régime Mugabe.

L’intervention de l’armée constitue un tournant dans le long règne de Robert Mugabe, marqué par la répression de toute opposition et une grave crise économique. Environ 90% de la population active est au chômage. A 93 ans, le plus vieux chef d’Etat en exercice de la planète se retrouve de plus en plus isolé, abandonné par ses alliés les plus précieux: après l’armée et les anciens combattants et son parti la Zanu-PF. Pourtant, le président paraît décidé à s’accrocher au pouvoir, il a même prononcé en direct à la télévision nationale qu’il présiderait le mois prochain le congrès de son mouvement, la Zanu-PF. « Le congrès doit se tenir dans les prochaines semaines. J’en présiderai les débats », a-t-il affirmé. Mais selon des observateurs, Mugabe ne va pas résister pour longtemps, l’armée, avec le soutien de la plupart des acteurs politiques, vont l’obliger au départ.

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