Le ministre soudanais des Affaires étrangères a estimé que le moment était venu pour construire de bonnes relations avec les Etats-Unis.
Estimant que Khartoum a fait des progrès dans cinq domaines-clés identifiés par Washington, les Etats-Unis ont décidé cette semaine de lever l’embargo imposé au Soudan depuis 20 ans. Pour autant, Washington a maintenu Khartoum sur la liste noire des pays soutenant le terrorisme. Un paradoxe, selon le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ibrahim Ghandour. « Nous sommes le pays coopérant le mieux dans la lutte contre le terrorisme et dans le même temps, nous sommes sur une liste de pays soutenant le terrorisme », a-t-il déclaré samedi 7 octobre lors d’une émission télévisée programmée à l’occasion de la levée des sanctions américaines.
Le ministre s’est toutefois félicité de la fin de cet embargo vieux de 20 ans, estimant que le moment était venu « pour construire de bonnes relations avec les Etats-Unis ». Pour sa part, le chargé d’affaires américain à Khartoum, Steven Koutsis, avait déclaré que « le gouvernement du Soudan (savait) parfaitement bien ce qu’il (avait) à faire pour être retiré de la liste », sans donner plus de détails.
Gestes de bonne volonté de Khartoum
En fait, les Etats-Unis avaient imposé des sanctions au Soudan en 1997 pour son soutien présumé à des groupes islamistes, le fondateur d’Al-Qaëda, Oussama Bin Laden, ayant vécu à Khartoum entre 1992 et 1996. Quelques jours avant de quitter la Maison Blanche en janvier dernier, le président Barack Obama avait levé une partie des sanctions contre le Soudan pour une période probatoire de six mois. Son successeur à la Maison Blanche, Donald Trump, avait décidé en juillet d’étendre cette période de trois mois. Vendredi dernier, son Administration a décidé de la levée définitive de l’embargo.
Khartoum s’était engagé en retour sur une feuille de route en « cinq points », parmi lesquels la fin du soutien aux groupes rebelles au Soudan du Sud, la fin des hostilités dans les provinces du Darfour, du Nil Bleu et du Kordofan-Sud et une coopération avec les renseignements américains contre le terrorisme. De plus, le président Omar Hassan Al-Béchir s’est montré très coopératif envers les Etats-Unis ces dernières années. Khartoum vient d’ailleurs de rompre ses relations diplomatiques avec la Corée du Nord pour faire plaisir à Washington qui considère le régime de Pyongyang comme une sérieuse menace. Cité par l’AFP, Magnus Taylor, analyste pour l’International Crisis Group, cette levée de l’embargo constitue un moyen « efficace » de gagner la coopération du Soudan. « Si les Etats-Unis sont intelligents, ils utiliseront cet élan dans les relations avec le Soudan pour pousser à des progrès supplémentaires dans la conduite du gouvernement soudanais », a-t-il dit.
La levée de l’embargo signifie concrètement que les transactions bancaires internationales avec le Soudan seront désormais permises. Entreprises et citoyens américains pourront effectuer des transactions avec des partenaires au Soudan. Les citoyens américains pourront procéder à des importations et exportations auparavant interdites depuis et vers le Soudan. Tous les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et le Soudan, qui étaient auparavant interdits, seront désormais autorisés. Les citoyens américains ne subiront plus autant de restrictions qu’auparavant lorsqu’ils voudront faciliter les transactions entre le Soudan et des pays tiers.
Si cette décision est bien accueillie par Khartoum, elle a aussi été critiquée par certaines parties d’autant plus que le président soudanais, Omar Al-Béchir, fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et génocide. De son côté, le Conseil de sécurité de l’Onu impose toujours des sanctions liées au conflit meurtrier au Darfour (ouest du Soudan) qui a fait 330 000 morts depuis 2003. Cet embargo empêche principalement l’envoi d’armes et de matériel de guerre aux acteurs engagés dans cette région.
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