L'Agenda 2063 pour la transformation économique du continent était au coeur des discussions du 29e Sommet de l'UA.
(Photo:Reuters)
« Tirer pleinement profit du dividende démographique en investissant dans la jeunesse », tel était le thème de la 29e session ordinaire des chefs d’Etat de l’Union Africaine (UA), qui s’est tenue à Addis-Abeba les 3 et 4 juillet 2017. Ce thème met l’accent sur l’intégration de la jeunesse et sa participation dans le processus de développement de l’UA, surtout dans la réalisation des objectifs de l’Agenda 2063. Cet agenda est un cadre stratégique pour la transformation économique du continent au cours des 50 prochaines années. Une Afrique prospère fondée sur la croissance inclusive et le développement durable, un continent intégré, uni sur le plan politique et ancré dans les idéaux du panafricanisme et la vision de la Renaissance africaine sont les visions de l’Agenda 2063. « La jeunesse constitue aujourd’hui 70 % de la population africaine. Investir dans cette jeunesse, c’est tout d’abord la rassurer de notre détermination à lui aménager un avenir acceptable, c’est la convaincre que l’Afrique est, et demeurera, son socle et sa mamelle nourricière », c’est ce qu’a affirmé le Guinéen Alpha Condé, président en exercice de l’UA, à l’ouverture du sommet. Plusieurs chefs d’Etat étaient présents à ses côtés lors de ce 29e sommet, dont Denis Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville), Idriss Déby Itno (Tchad), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso), Ibrahim Boubacar Keïta (Mali), Mahamadou Issoufou (Niger), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Paul Kagamé (Rwanda) et Joseph Kabila (République démocratique du Congo), Ali Bongo Odimba (Gabon), Robert Mugabé (Zimbabwe). Sans oublier la présence remarquable de Fayez Al-Sarraj, chef du gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale.
Cependant, parmi les absents il y a également des poids lourds, comme le Sud-Africain Jacob Zuma, le Soudanais Omar Al-Béchir, le Nigérian Muhammadu Buhari, le Sénégalais Macky Sall, le Tunisien Béji Caïd Essebsi, ou encore l’Algérien Abdel-Aziz Bouteflika et le roi du Maroc, Mohammed VI. Ce dernier a envoyé son frère, le prince Moulay Rachid, qui a prononcé un discours où il a rappelé que « le Maroc n’avait pas intégré l’UA pour diviser, mais pour fédérer et aller de l’avant ». Une approche volontariste qui a pourtant une ligne rouge : le Sahara occidental. Les officiels marocains ont fait savoir, durant ce sommet de l’UA, qu’ils feraient tout pour pousser l’UA à abandonner l’approche selon laquelle le Sahara serait un « terrain occupé » et à faire en sorte que les pays africains parlent le langage de l’Onu. Les premières passes d’armes entre le Maroc et le Polisario, soutenu par l’Algérie, ont d’ores et déjà commencé au sein de l’enceinte africaine.
Une « renaissance » de l’UA
Outre le thème de la jeunesse, ce sommet s’est penché sur la conquête d’une « nouvelle crédibilité » pour l’organisation. Dans un discours ferme et tourné vers l’avenir, le président de la Commission africaine, Moussa Faki, espère que l’année 2018 sera « l’année d’un relèvement de l’union, de son autonomie financière et d’une nouvelle renaissance pour elle ». En fait, dans un pas positif dans le chemin de l’indépendance financière, les pays du G5 Sahel ont finalement réussi cette semaine, lors d’un sommet sous les auspices de la France, à obtenir l’onction de l’UA, des Nations-Unies et surtout de l’Union Européenne (UE), qui a promis 50 millions d’euros pour la subvention de la Force du G5 antidjihadiste (voir l’article ci-dessous). Le budget de 423 millions d’euros nécessaires à son fonctionnement sera certes loin, et très loin, d’être bouclé, mais les Africains auront pris en main leur sécurité et déploieront davantage d’efforts pour réussir, le Sahel prend des couleurs locales et connaîtra peut-être des jours heureux.
Rester fixés sur l’objectif de faire taire les armes d’ici 2020 et de parler d’une seule voix est une autre demande du président de la Commission africaine, Faki, aux chefs d’Etat africains lors du sommet. « Plusieurs événements ont démontré que chaque fois que nous avons gardé notre unité, nous avons remporté des victoires éclatantes. Le dernier exemple est celui des élections du directeur général (un Ethiopien) de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) », a-t-il déclaré, en assurant que l’Afrique a décidé de prendre son destin en main et qu’elle veut arrêter de prendre des décisions qui ne s’appliquent pas. « Ces décisions qui s’entassent et qui, pour la plupart, finissent ensevelies dans les tiroirs », a-t-il conclu.
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