Les résultats de ce scrutin aux enjeux considérables pour Ouattara seront connus dans les jours à venir.
Le 11 avril 2011, il y a tout juste deux ans, sonnait l’avènement de la démocratie en Côte d’Ivoire.
L’ancien président, Laurent Gbagbo, était arrêté après avoir refusé, pendant 5 mois, d’accepter les résultats des élections présidentielles. Alassane Ouattara était le nouveau président démocratiquement élu de Côte d’Ivoire. Il pouvait enfin exercer le pouvoir présidentiel que la communauté internationale s’était déjà empressée de lui reconnaître depuis le 2 décembre 2010, lorsque la crise post-électorale avait commencé.
Deux ans après, les élections locales et régionales de dimanche dernier ont fait office de test avant la présidentielle de 2015. Elles se sont déroulées dans une campagne émaillée d’incidents, de dérapages verbaux et d’actes d’intimidation dénoncés par l’Onu.
De plus, il s’agit des premiers scrutins du genre depuis plus d’une décennie pour la première puissance économique d’Afrique de l’Ouest francophone. Durant cette période, la Côte d’Ivoire a connu la page la plus sombre de son histoire, conclue par la crise présidentielle de 2010, qui a fait environ 3 000 morts.
D’ores et déjà, le climat est tendu dans certaines zones après un certain nombre d’incidents. Invectives, discours de haine et « appels à la violence verbale et physique » ont ravivé le « spectre des violences électorales » de 2010, selon le Mouvement ivoirien des droits humains.
Craignant le pire, à quelques jours du scrutin, le porte-parole du gouvernement ivoirien, Bruno Koné, a appelé les acteurs politiques à une « confrontation fraternelle » dans les urnes. Koné, qui intervenait lors d’un entretien avec des médias, a souligné que les élections locales vivement attendues par les populations devaient contribuer à réconcilier les Ivoiriens. « Comme dans toute compétition, il faut un vainqueur et un vaincu. Il peut arriver qu’un vaincu sème le désordre, mais c’est ce que nous refusons. Les élections doivent se dérouler dans l’apaisement », a-t-il affirmé.
Autre source d’inquiétude, ces élections se sont déroulées sans le parti de l’ancien président, Laurent Gbagbo. Pour celui-ci, il s’agit d’une « mascarade ». Comme il l’avait fait pour les législatives fin 2011, le Front Populaire Ivoirien (FPI) boycotte régionales et municipales, même si certains de ses militants sont candidats comme indépendants. Le FPI exige une réforme de la commission électorale avant de participer aux élections. Il demande également une amnistie pour les crimes commis durant la crise et la libération de ses leaders emprisonnés, à commencer par Laurent Gbagbo, détenu à La Haye par la Cour pénale internationale, soupçonné de crimes contre l’humanité.
Vers un nouveau bras de fer ?
Ce scrutin doit pourtant parachever la normalisation institutionnelle après les événements de 2010-2011. Le président, Alassane Ouattara, attend de ce scrutin un nouvel élan pour sa politique.
Les partis au pouvoir, à savoir le Rassemblement Des Républicains (RDR) d’Alassane Ouattara et le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien président, Henri Konan Bédié, qui ont déjà la majorité absolue à l’Assemblée nationale, semblent assurés de se tailler à nouveau la part du lion. Cependant, ils sont partis aux élections en rangs dispersés, sans véritable stratégie de campagne et vont affronter des indépendants bien implantés.
Désormais, la crispation concerne au premier chef les relations entre les alliés au pouvoir, le RDR et le PDCI. En effet, ancien parti unique, le PDCI vit mal son statut de second dans l’attelage gouvernemental avec le RDR.
Le parti de Laurent Gbagbo a mis le feu sur les braises il y a quelques jours. Il a été jusqu’à lancer au PDCI un appel au « rassemblement » pour un « sursaut national ». Si cet appel est resté pour l’heure sans écho, de nombreux Ivoiriens craignent que l’annonce des résultats attendue dans les jours à venir ne donne lieu à une nouvelle crise post-électorale.
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