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RDC : La crise reprend de plus belle

Sabah Sabet avec agences, Mardi, 11 avril 2017

Accusant le président Joseph Kabila de faire obstacle à tout processus démocratique, l’opposition congolaise tente de s'organiser pour faire front commun contre le pouvoir.

Kabila

La tension est de nouveau montée entre le pouvoir congolais et l’opposition. La police de la République démocratique du Congo a interdit à Kinshasa, et dans l’ensemble du pays, les rassemblements et les marches qui devaient se tenir lundi 9 avril à l’appel de l’opposition. « La marche est interdite (car) son itinéraire comporte les germes de l’insurrection », a déclaré à l’AFP le colonel Pierrot-Rombaut Mwanamputu, porte-parole de la police congolaise, qui a précisé que cette interdiction concernait l’ensemble du territoire de la RDC.

Une interdiction qui vient rappeler que le bras de fer entre le pouvoir et l’opposition est loin d’être terminé. Cet appel à manifester a été lancé par l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti fondé par l’opposant congolais historique, Etienne Tshisekedi. Ce dernier est décédé le 1er février à Bruxelles, à 84 ans. Dimanche, son fils, Félix Tshisekedi, président du Rassemblement — coalition d’opposition constituée en juillet dernier autour d’Etienne Tshisekedi — a accusé le président congolais Joseph Kabila d’être le « principal obstacle au processus démocratique » dans ce pays qui traverse une grave crise politique. M. Kabila « a délibérément pris parti de multiplier en ce moment pourtant critique des manoeuvres politiciennes qui enfoncent davantage la RDC dans le chaos », a lancé à la presse Félix Tshisekedi. « M. Joseph Kabila s’érige désormais en principal obstacle au processus démocratique, faisant de notre pays une zone instable et une menace pour la paix et la sécurité internationale », a-t-il ajouté, en présence de ses pairs du Rassemblement.

Nouveau premier ministre controversé

La déclaration de Félix Tshisekedi intervient deux jours après la nomination de Bruno Tshibala, un dissident de l’UDPS et du Rassemblement, au poste du premier ministre par le président Kabila. Une décision condamnée par l’opposition. « La nomination de Bruno Tshibala comme premier ministre est un scénario de mauvais goût qui ternit à la fois l’image (du président) Joseph Kabila et de la RDC », a déclaré à l’AFP Augustin Kabuya, porte-parole de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti fondé par l’opposant historique Etienne Tshisekedi, au lendemain de cette nomination. « C’est une récompense à la trahison, c’est une distraction », a-t-il ajouté.

M. Tshibala (61 ans) a été désigné, vendredi 7 avril, premier ministre par le président Kabila. Sa nomination découle d’un accord de cogestion de la transition conclu le 31 décembre entre l’opposition et la majorité, pour tenter de sortir la RDC de la crise provoquée par le maintien au pouvoir de M. Kabila après le 20 décembre, fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel. La veille, dans un communiqué, la représentation de l’Union européenne en RDC a estimé que cette désignation avait été prise « contrairement à la lettre et à l’esprit de l’accord du 31 décembre 2016 ». Signataire de ce compromis, le porte-parole du gouvernement sortant, Lambert Mende, a estimé vendredi que la décision présidentielle respectait « l’esprit et la lettre de l’accord » qui prévoit une cogestion du pays jusqu’à la tenue d’une présidentielle avant la fin de l’année.

En effet, la mise en oeuvre de l’accord de la Saint-Sylvestre a été beaucoup plus longue que ne l’espéraient les évêques catholiques congolais ayant permis son accouchement : la nomination d’un premier ministre issu de l’opposition aurait, en effet, dû intervenir dans le courant du mois de janvier, selon le programme d’application de l’accord proposé par les prélats. Pourtant, après plus de trois mois de tergiversations autour du partage des postes entre pouvoir et opposition, mais également en raison de dissension au sein du Rassemblement, la tenue de cette élection dans le délai prévu apparaît hautement incertaine, ce qui menace le pays de tomber dans le chaos.

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