Le processus de transition politique approuvé par Djotodia et exécuté par son premier ministre n'est qu'un subterfuge.(Photo: Reuetrs)
Le Conseil Supérieur de Transition (CST) est le nouvel organe politique qui a permis à son président, Michel Djotodia, de cumuler tous les pouvoirs. Créé cette semaine par une décision de son chef, le CST a de nombreux objectifs à accomplir : élire le président de la République pour un mandat de 18 mois, rédiger un avant-projet de Constitution à soumettre au peuple par référendum et assumer les prérogatives législatives ordinairement dévolues à un organe législatif.
Au total, ce conseil sera composé de 97 membres, dont 20 représenteront les partis politiques. Neuf sièges seront dévolus à l’ex-opposition démocratique, six à l’ex-majorité présidentielle et cinq pour d’autres partis.
Dix sièges reviennent à la coalition Séléka, au pouvoir. Les autres sont répartis entre les représentants de la société civile, des confessions religieuses, des syndicats ou encore de la magistrature.
La mise en place de ce processus a été approuvée jeudi 4 avril par le président Djotodia. Il a décidé de répondre favorablement aux demandes du sommet de la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC), tenu mercredi dernier à N’Djamena, pour régler la situation de la République centrafricaine.
La Séléka a renversé le 24 mars le président centrafricain François Bozizé, au pouvoir depuis dix ans. Le 30 mars, Djotodia s’est autoproclamé président en annonçant qu’il « remettrait le pouvoir » en 2016, au terme d’une transition de trois ans.
Cependant, le président du Tchad, Idriss Deby Itno, très influent en Centrafrique, avait refusé, lors du sommet, de reconnaître Djotodia comme nouveau président. « Dans l’état actuel des choses, il est impossible de reconnaître un président autoproclamé », avait-il affirmé.
De leur côté, les dirigeants africains ne souhaitent pas le retour de Bozizé, mais refusent également de reconnaître le nouveau président autoproclamé.
Une autre question se pose désormais : Djotodia, ex-chef de la rébellion Séléka, a-t-il vraiment l’intention d’engager un processus démocratique ?
Des indices négatifs
Selon des analystes, la situation suscite beaucoup de réserves, voire de pessimisme. Les premiers pas du nouvel homme fort du pays, l’ambiguïté de son discours et un regard rétrospectif sur l’histoire politique de la Centrafrique soulèvent de sérieux doutes.
Djotodia, qui a mis fin au pseudo-système démocratique de Bozizé, est en train d’instaurer une autocratie. Ses premières décisions en témoignent. Comme tous les putschistes africains, Djotodia a décidé de suspendre la Constitution et de dissoudre le Parlement. Il veut désormais légiférer par décrets dans la conduite des affaires du pays jusqu’à la fin de la période de transition.
Le fait de mettre en place une procédure de transition démocratique semble n’être qu’un subterfuge. Aymane Chabana, spécialiste des affaires africaines, explique que le scénario des acteurs de coup d’Etat est toujours le même lorsqu’ils accèdent au pouvoir. « Ils tentent de rassurer la communauté internationale avec la mise en place d’un gouvernement de transition et un appel à des élections », souligne-t-il.
Selon Aymane, le jeu politique qu’ils instaurent n’est qu’une démocratie de façade, car les résultats des premières élections sont toujours en leur faveur. « Djotodia, ou l’un de ses alliés, sera élu président : c’est ce qui s’est passé avec ses prédécesseurs », conclut-il. Ces nouvelles dispositions institutionnelles permettront en tout cas à Djotodia de rester au centre du jeu politique.
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