Un mois après le décès de son chef historique Etienne Tshisekedi, la majeure partie de l’opposition congolaise a choisi son remplaçant. «
La restructuration s’est opérée, les neuf plateformes qui composent le Rassemblement ont désigné Félix Tshisekedi (fils du vieil opposant décédé) comme président du Rassemblement et Pierre Lumbi comme président du comité des sages », a déclaré, vendredi à l’
AFP, le député d’opposition Delly Sessanga. Il explique que le président du Rassemblement représente et engage la coalition auprès des tiers, alors que le président du comité des sages assumera, dans le cadre de la mise en application de l’accord du 31 décembre, les fonctions du président du Conseil National de Suivi de l’Accord (CNSA) qu’occupait Tshisekedi avant son décès. En fait, depuis la mort du chef de l’opposition, des tractations s’étaient engagées pour trouver son remplaçant. Tous les principaux regroupements politiques composant le Rassemblement ont jeté leur dévolu sur Félix Tshisekedi, fils de l’opposant historique disparu, et Pierre Lumbi, conseiller spécial en matière de sécurité de Kabila (2011-2015), et l’un des sept frondeurs du Groupe de sept partis (G7) qui avaient quitté la Majorité Présidentielle (MP) en septembre 2015 pour dénoncer les manoeuvres du chef de l’Etat à s’accrocher au pouvoir, avant de joindre l’opposition.
Divisions
Si ce choix est majoritaire, certains ne considèrent pas que c’est le meilleur. Trois responsables de petits partis du Rassemblement n’ont pas accepté cette restructuration, et ont quitté même la réunion du 2 mars. « Certaines ambitions sont offusquées », a reconnu Sesanga, faisant allusion à ces trois responsables. A l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti phare du Rassemblement, un responsable a déclaré à l’AFP sous le couvert de l’anonymat que « cette restructuration est la conséquence de la naïveté et du manque d’expérience politique de Félix Tshisekedi », sans toutefois la remettre en cause. En outre et selon le site congolais d’information 7sur7.cd, l’opposant congolais Raphaël Katebe Katoto a rejeté les conclusions de la réunion du 2 mars, lors d’une conférence de presse samedi 4 mars au Fleuve Congo Hôtel, à Kinshasa. L’homme d’affaires congolais a laissé entendre que ni Félix Tshisekedi ni Pierre Lumbi, personne d’entre les deux n’est membre du conseil des sages du Rassemblement né du conclave de Genval. « La désignation de ces deux personnes à la tête du Rassemblement est une simple décision entre copains », a indiqué Katoto. De sa position face aux deux groupes parallèles au sein du Rassemblement, Katebe Katoto suggère à la Cenco d’inviter les signataires de l’acte de Genval, créant le Rassemblement, à trouver une solution. Pourtant, il promet de se battre pour aller de l’avant afin que l’accord de la Saint-Sylvestre soit respecté. « Le blocage actuel c’est au niveau du Rassemblement, nous nous battons pour aller de l’avant et pour que l’accord soit respecté », a-t-il conclu.
Outre les divisions au sein de l’opposition, le décès le 1er février du chef historique de l’opposition, puis les tergiversations ont bloqué l’application de l’accord de cogestion conclu le 31 décembre sous l’égide de l’épiscopat de la RDC entre le pouvoir et l’opposition après le maintien au pouvoir de Joseph Kabila, à qui la Constitution interdit de se représenter. Emblématique et populaire, M. Tshisekedi est entré en dissidence contre le régime de Mobutu en 1980, avant de s’opposer à ses successeurs, Laurent-Désiré Kabila (1997-2001), puis son fils Joseph Kabila.
Pour débloquer les discussions, Kabila, par l’intermédiaire des évêques catholiques, a demandé au Rassemblement de choisir un remplaçant à M. Tshisekedi. Sans trop tarder, la nouvelle configuration de la direction du Rassemblement a été envoyée vendredi dernier aux évêques, médiateurs des négociations. Le Rassemblement devra présenter ensuite à Kabila trois candidats pour le poste de premier ministre, fonction qui revient à l’opposition dans le cadre de l’accord. Finalement, jusqu’à l’instant et même avec ce faible désaccord, la plateforme tient bon. « Au final, c’est une toute petite fronde. Ceux qui s’écartent de la ligne décidée par le Rassemblement n’ont pas une réelle assise nationale. Après Etienne Tshisekedi, la plateforme tient bon », confie, le 3 mars à Jeune Afrique, une source diplomatique africaine à Kinshasa qui suit de près les pourparlers en cours.
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