Dans le monde entier, le 8 mars, Journée internationale de la femme, n’est plus une journée seulement de festivités. Par la force des choses, le 8 mars est devenu une journée militante durant laquelle les femmes du monde entier se mobilisent pour marquer quelques victoires, mais surtout pour indiquer que leur combat pour leurs droits continue et que la parité homme/femme et l’égalité des genres ne restent pas une « idée sur papier ».
En Afrique, bien que les autorités soient de plus en plus engagées dans le combat pour l’égalité des genres, la grande majorité des femmes — elles représentent plus de 51 % de la population — ne jouit pas d’une situation sociale, économique et politique brillante. De par son parcours d’évolution — ne datant pas uniquement des indépendances — la femme africaine a assimilé l’interrelation qui existe entre la politique et le développement économique, sociologique et technologique de son environnement. Mais a-t-elle vraiment réussi à passer ce message à ses congénères hommes ? Au début de notre millénaire, nombreux étaient les Africains qui estimaient que « la femme politique a un rôle de leadership à jouer là où les hommes sont en train d’échouer ».
Aujourd’hui, alors qu’elles représentent plus de la moitié des populations du continent et qu’elles contribuent à plus de 60 % au développement économique de leur pays, l’environnement social et économique du continent freine l’exercice de leurs droits dans le domaine de la politique. Depuis plus d’une décennie, la femme africaine demande, sans baisser les bras, la mise en place de « stratégies intégrées » qui lui faciliteraient son accès au clan des « décideurs politiques » de son pays. Mais les barrières sociales et culturelles continuent à entraver la formulation et l’application des mécanismes qui permettront aux femmes d’occuper des postes de décision et de jouer ainsi un rôle central dans le développement du continent. L’initiative de l’Indice de Développement et des Inégalités entre les Sexes en Afrique (IDISA) en 2003 est une étude concernant l’impact des politiques gouvernementales sur la promotion des femmes.
L’IDISA permet non seulement d’évaluer la pertinence et l’efficacité de stratégies gouvernementales et d’autres structures, mais il permet également d’apprécier, par des indicateurs quantitatifs, « les changements positifs » qui se sont opérés dans certains secteurs comme l’éducation, la santé, l’accès aux ressources, l’échelle de participation aux organes de décision et la promotion des droits des femmes.
Il regroupe 4 rubriques, à savoir droits des femmes, pouvoir social, pouvoir économique et pouvoir politique. L’année 2009 s’annonçait comme l’année de la femme africaine. Qu’en est-il aujourd’hui des conférences, des débats, des discours et des promesses de 2009 ? Les conclusions que l’on pourrait tirer aujourd’hui ne sont certes pas réjouissantes. Dans certaines régions de l’Afrique, les droits fondamentaux de la femme ne sont pas respectés ; la violence contre elle continue, le partage inégal du pouvoir est toujours maintenu et l’accès à l’éducation et aux soins de santé reste limité.
Mais tout n’est pas aussi sombre que cela, et malgré les « langues de bois » des dirigeants africains, quelques lueurs apparaissent au fond du tunnel. Au Sénégal, une nouvelle formation destinée aux femmes et aux décideurs locaux pour une participation effective des femmes aux processus de décision et aux élections va bientôt voir le jour. La formation abordera les thèmes : Parité et élections locales, Rôle et responsabilité de l’élu local, Femmes et développement local, Décentralisation et compétences transférées aux collectivités locales et Processus électoral. Au Maroc, un congrès sur la femme rurale a été organisé par l’Union nationale des femmes du Maroc, ayant pour thème : Femme rurale, partenaire du processus de développement. L’idée initiale était de prospecter de « nouvelles pistes afin de vaincre les inégalités et les obstacles pesant sur les femmes à l’horizon 2025 ». En RD-Congo, les femmes de la Convention pour la République et la Démocratie (CRD) ont porté une réflexion sur la situation actuelle de la femme congolaise. Dans son exposé intitulé L’Apport de la femme au sein de la CRD, Mathilde Muzinga a attiré l’attention de son audience sur la résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations-Unies en son point 58/142 sur la participation des femmes à la vie politique.
Elle a rappelé que la résolution des Nations-Unies stipule que les Etats doivent prendre « les mesures appropriées pour éliminer la discrimination à l’égard des femmes dans la vie politique et publique du pays ». Pour les femmes africaines, tout comme pour Mathilde Muzinga, les femmes restent encore sous représentées au sein des partis politiques. Les femmes jouent un « rôle important dans la prévention et le règlement des conflits et dans la consolidation de la paix » et rien que pour cette raison, soutient Mathilde Muzinga, il faut établir « l’équilibre entre hommes et femmes dans les organes des partis » .
Lien court: