C’est hier mardi 20 décembre qu’a expiré le mandat du président de la République Démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila. Alors que la RDC devait voir, en ce jour, l’arrivée d’un nouveau président, rien n’a changé, et Kabila est toujours au pouvoir, bien que la Constitution lui interdise aujourd’hui de se représenter. De quoi susciter l’inquiétude dans le pays en raison de l’impasse politique. En effet, dimanche dernier, les pourparlers entre le pouvoir et l’opposition destinés à faire sortir la RDC de la crise ont été suspendus samedi dernier, à cause du blocage. Ces pourparlers étaient organisés sous l’égide des évêques catholiques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), pour tenter de trouver un accord ouvrant la voie à une transition politique jusqu’à l’élection d’un successeur à Kabila.
Ces discussions, jugées celles de la dernière chance, n’ont enregistré aucun progrès sur les points qui divisent le plus les deux délégations en présence : d’un côté, la majorité et une frange minoritaire de l’opposition qui se sont entendues en octobre dernier sur un partage du pouvoir, de l’autre, une coalition rassemblée autour de l’opposant historique Etienne Tshisekedi, qui rejette cet accord et exige la tenue de la présidentielle en 2017 et l’assurance que Kabila ne cherchera pas à briguer un nouveau mandat.
Depuis, une forte surveillance policière et militaire est visible à Kinshasa, notamment dans certains bastions de l’opposition, car, selon des journalistes de l’AFP et des témoins, des tracts circulent dans la capitale rappelant que le mandat de M. Kabila est fini, et exhortant à reprendre Kinshasa « rue par rue, quartier par quartier (...) jusqu’à ce qu’on reprenne toute la RDC ».
En effet, le Rassemblement d’opposition constitué autour de Tshisekedi avait menacé de jeter la population dans les rues en cas d’échec des négociations pour forcer Kabila à quitter le pouvoir. D’où les appels insistants de la communauté internationale à l’égard des deux parties, à s’abstenir de mettre de l’huile sur le feu, l’Union européenne appelant « au sens des responsabilités de tous afin d’atteindre un accord qui reste à portée de main (...) pour permettre, dans les plus brefs délais, la tenue d’élections transparentes et crédibles ».
Outre les tensions de ces derniers mois, la RDC traverse une crise politique profonde depuis la réélection de Kabila en novembre 2011 lors d’un scrutin marqué par des fraudes massives. Aucune élection au scrutin direct n’a eu lieu depuis lors, et la présidentielle qui devait se tenir cette année n’a pas été organisée.
Avant l’ouverture des négociations « de la dernière chance » — qui devront reprendre ce mercredi —, les évêques avaient dit craindre que le pays ne sombre dans « une situation incontrôlable » faute d’accord politique. Un risque à prendre au sérieux .
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