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La crise s’aggrave en RDC

Sabah Sabet avec agences, Mardi, 11 octobre 2016

L'opposition congolaise appelle à de nouvelles manifestations suite au report des élections.

L’union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), forma­tion historique de l’opposition en République Démocratique du Congo (DRC), a annoncé dimanche soir l’arrestation d’un de ses dirigeants à Kinshasa. Cité par l’AFP, Augustin Kabuya, secrétaire national du parti chargé de la communication, a affir­mé que « le secrétaire général adjoint de l’UDPS, Bruno Tshibala, a été interpellé à l’aéroport (inter­national) de Ndjili, que son passe­port a été confisqué et (on l’a) emmené vers une destination incon­nue ». Outre ses fonctions au sein de l’UDPS, M. Tshibala est porte-parole du « Rassemblement » d’op­posants au président Joseph Kabila constitué en juin dernier autour de la figure du fondateur de l’UDPS, Etienne Tshisekedi. Selon une source au sein de la magistrature, son nom figure sur une liste d’une dizaine de dirigeants du « Rassemblement » transmise par le procureur général de la République aux services aux frontières avec ordre d’arrêter ces personnes dans le cas où elles viendraient à quitter le territoire.

Cette arrestation est le dernier épisode en date dans la crise poli­tique que vit la RDC depuis plu­sieurs mois. Elle est également intervenue quelques jours après la décision de la Commission électo­rale de la République démocratique du Congo (Céni), qui a annoncé, le 1er octobre aux participants au « dialogue national » pour intégra­tion dans l’accord politique à conclure, son intention de convo­quer l’électorat pour la présiden­tielle, les législatives nationales et provinciales en novembre 2017, une proposition rejetée par l’opposition. « La convocation de l’électorat pour les élections présidentielles, législatives nationales et provin­ciales en une seule séquence inter­viendra en novembre 2017 », a déclaré à la presse Corneile Naanga, président de la Céni, rendant compte de sa présentation aux participants au « dialogue national », qui se tient depuis le 1er septembre à Kinshasa et qui est censé baliser la voie à des élections apaisées, crédibles et transparentes.

Or, le report des élections ne fait qu’envenimer la crise davantage. Kabila est au pouvoir depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se représenter, mais il ne donne aucun signe de vouloir quitter son poste à la fin de l’année comme le demande la majeure partie de l’opposition. En marge d’un déplacement en Tanzanie, mardi 4 octobre, Kabila a expliqué qu’il fallait mieux préparer le pays à ces échéances, arguant que jusqu’à 10 millions d’électeurs n’étaient pas inscrits sur les listes : « Nous avons décidé de repousser les élections pour éviter d’exclure un très grand nombre de gens, pour la plupart de jeunes électeurs. Jusqu’à 10 millions de personnes non inscrites pourraient passer à côté de la chance de voter ». L’opposition accuse pour sa part Joseph Kabila de manoeuvrer pour s’accrocher au pouvoir.

D’ailleurs, le dialogue national initié par le régime depuis début septembre reste complètement inu­tile. Certes, officiellement, ce dialo­gue se poursuit depuis le 2 sep­tembre à Kinshasa en présence d’Edem Kodjo, le facilitateur dési­gné par l’Union africaine, mais il est boudé par une partie de l’opposition menée par Etienne Tshisekedi. Des divergences sur le calendrier propo­sé par la commission électorale, qui prévoit d’organiser l’élection prési­dentielle en novembre 2018, ont eu lieu la semaine dernière entre la majorité et l’opposition. Etienne Tshisekedi a prévenu que de nou­velles manifestations auraient lieu si Joseph Kabila ne quittait pas le pou­voir à l’expiration de son mandat. Une manifestation de l’opposition a été violemment réprimée le 19 sep­tembre à Kinshasa, faisant une cin­quantaine de morts selon différents bilans. « Le 19 septembre, nous avons donné un avertissement à M. Kabila. Le 19 octobre, nous allons lui donner un carton jaune. Un car­ton jaune, cela signifie que le 19 décembre ce sera un carton rouge », a juré Tshisekedi.

La crise en RDC a également donné lieu à une crise diplomatique avec la France. Le gouvernement congolais a accusé la semaine der­nière le chef de la Diplomatie fran­çaise, Jean-Marc Ayrault, d’« encou­rager les extrémistes » dans ses déclarations demandant au président congolais, Joseph Kabila, de respec­ter la Constitution de la République démocratique du Congo et de ne pas se représenter à la présidentielle. Jean-Marc Ayrault, ministre français des Affaires étrangères, s’était aupa­ravant dit très inquiet de la situation en RDC qu’il voyait « au bord de la guerre civile … parce qu’il y a un président qui veut garder sa place alors qu’il n’a plus le droit de se représenter ». Réponse du ministre de l’Industrie de la RDC, Germain Kambinga, dans une interview au journal Le Monde, lundi 3 octobre : « Nous ne sommes pas au bord de la guerre civile. Nous avons une oppo­sition qui s’est radicalisée et qui prêche pour une logique de confron­tation, ce que le président de la République ne veut pas ».

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