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Mali : Des efforts pour la cohésion nationale

Sabah Sabet avec agences, Lundi, 25 février 2013

La situation se complique après la mort de 13 soldats tchadiens, engagés dans les combats contre les djihadistes, et Bamako promet un dialogue avec les populations du nord.

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Les djihadistes multiplient les attaques et menacent d'étendre leurs opérations.(Photos:AP )

« Cest avec une profonde affliction et une grande tristesse que le peuple malien et moi-même avons appris la tragique perte de treize soldats tchadiens, tombés le vendredi 22 février 2013 sur le champ d’honneur lors d’un violent accrochage avec des terroristes et des narcotrafiquants dans la région de Kidal (nord-est)». C’est le message diffusé à la télévision publique malienne samedi dernier par le président intérimaire malien, Dioncounda Traoré. Il a adressé, à travers ce message, ses condoléances à son homologue tchadien, Idriss Deby Itno, ainsi qu’au peuple tchadien après la mort de 13 soldats tchadiens engagés dans le nord malien contre des djihadistes.

Vendredi soir, l’état-major de l’armée tchadienne avait annoncé avoir tué 65 djihadistes et enregistré 13 morts et 5 blessés dans ses rangs dans le secteur de Tessalit (région de Kidal) où se sont réfugiés de nombreux islamistes armés liés à Al-Qaëda, traqués par les Tchadiens et les Français appuyant les forces maliennes.

Il s’agit de pertes connues comme les plus lourdes subies par les forces soutenant le Mali et un premier coup pour la force tchadienne qui présente près de 1 800 soldats, le plus important contingent africain au Mali. Ce dernier ne fait pas partie de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma), comprenant des contingents de pays ouest-africains, mais il agit en coordination avec la Misma. De leur côté, les djihadistes multiplient leurs opérations de guérilla. C’est dans cette même région, près de Tessalit, qu’un attentat suicide a visé vendredi une base du MNLA, groupes alliés aux troupes françaises et tchadiennes, à Il Khalil. Le MNLA, qui parle de deux morts et deux blessés dans ses rangs, accuse le Mujao, Mouvement pour l’unicité et le djihad dans l’Afrique de l’Ouest, d’être responsable. « Nous sommes ciblés parce que nous coopérons avec les Français », explique un membre de la rébellion touareg. Le Mujao a, de son côté, indiqué que les hostilités pourraient même s’étendre à d’autres capitales de l’Afrique de l’Ouest. Le porte-parole du Mujao, Abou Walid Sarhaoui, affirme ainsi dans une déclaration que « de nouvelles zones sont favorables aux kamikazes ». Il cite nommément « Bamako, Ouagadougou et Niamey ».

L’armée malienne en crise

Compte tenu de cette situation, la France ne pourra pas évoquer un retrait, comme elle le voulait, à partir du mois prochain de ses troupes engagées au Mali. De plus, l’armée malienne reste en crise et n’est pas prête à prendre le relais, même avec l’appui de pays africains. « Aujourd’hui, nous savons très précisément que l’armée malienne a besoin d’une réorganisation importante, j’oserais dire une refondation », a reconnu le général français François Lecointre, commandant de la Mission de formation de l’Union européenne (EUTM) au Mali, le 20 février à l’occasion du lancement de l’EUTM. Cette mission, d’une durée initiale de 15 mois, doit former à partir d’avril plus de 2 500 soldats maliens.

C’est que l’armée malienne, sous-équipée, a été mise à rude épreuve depuis plus d’un an par des groupes liés à Al-Qaëda qui, selon plusieurs sources concordantes, se sont notamment approvisionnés en armes lourdes en Libye, à la faveur de la chute de Mouammar Kadhafi — dirigeant libyen déchu et tué en 2011 — dont le régime possédait un arsenal important.

Faible, l’armée malienne a été chassée des régions du nord par des djihadistes et des rebelles touareg entre fin mars et début avril 2012, quelques jours après une mutinerie de soldats ayant débouché sur un coup d’Etat militaire le 22 mars 2012. Les djihadistes ont ensuite évincé, des zones sous leur contrôle, leurs ex-alliés rebelles touareg.

Le 10 janvier dernier, les forces maliennes ont une nouvelle fois échoué à stopper une menaçante et soudaine progression des islamistes armés du nord vers le sud malien. Le 11 janvier, la France est intervenue en déclenchant l’opération Serval, toujours en cours. En outre, et selon certains, la solution militaire ne pourra seule trancher l’affaire. La directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, estime que l’action militaire ne sera pas efficace sur le long terme sans « dialogue ». « S’il y a aujourd’hui des actions militaires, ça ne pourra pas être efficace à longue durée s’il n’y a pas aussi un dialogue, des efforts politiques et diplomatiques », a déclaré Bokova, vendredi à Ouagadougou devant la presse après un entretien avec le président burkinabé, Blaise Compaoré, médiateur de l’Afrique de l’Ouest dans la crise malienne.

En effet, plus d’un mois après le début de l’intervention française au Mali et la reprise des grandes villes du nord aux groupes islamistes armés qui les occupaient, Bamako s’est engagé à lancer un dialogue politique avec les populations du nord, dont les Touareg. « Je félicite M. Compaoré pour tous ses efforts, je l’ai encouragé à poursuivre les efforts pour sécuriser le Mali mais aussi à maintenir le dialogue pour l’unité et la cohésion nationale au Mali », a-t-elle conclu .

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