
La menace des groupes armés présente un obstacle devant les prochaines législatives. (Photo: AP)
« Le premier tour de l’élection présidentielle au Mali est prévu le 7 juillet et le second le 21, en même temps que les législatives ». C’est l’annonce faite par le ministre de l’Administration territoriale, Moussa Sinko Coulibaly, lors d’une conférence de presse tenue jeudi à Bamako. Selon, le colonel Coulibaly, le gouvernement a entrepris des activités préparatoires devant conduire à la tenue des élections dans des conditions acceptables par tous. « Les prochaines échéances électorales se dérouleraient sur la base d’un fichier électoral biométrique pour garantir davantage de transparence », a-t-il précisé. En effet, le gouvernement malien avait récemment adopté une feuille de route censée aider le pays à sortir de la situation de transition entamée depuis le coup d’Etat militaire contre l’ancien président Amadou Toumani Touré. Adoptée fin janvier par l’Assemblée nationale malienne, cette feuille de route s’articule autour de deux points : rétablissement de l’intégrité territoriale du pays avec négociations avec le nord et organisation d’élections générales transparentes et crédibles.
Ces deux scrutins seront décisifs pour la stabilisation du pays, où les armées française, malienne et africaine interviennent depuis le 11 janvier contre les groupes islamistes armés qui contrôlaient le nord depuis dix mois. Après la reprise de Gao et Tombouctou, fin janvier, le président par intérim, Dioncounda Traoré, avait déjà promis des élections « propres » avant juillet 2013. Un calendrier approuvé par Paris, qui plaide pour l’organisation d’élections le plus vite possible. Toutefois, malgré l’optimisme véhiculé par ces annonces, la poursuite des combats au Nord-Mali apparaît comme une embûche de taille pour les préparatifs électoraux. La menace djihadiste reste bien présente dans le nord notamment à Gao, ville reprise aux islamistes le 26 janvier, devenue entre-temps le théâtre des premiers attentats suicide de l’histoire du Mali, débutés le 8 février, et de violents combats de rue avec des djihadistes infiltrés dans la ville.
Ainsi, les armées malienne, française et nigérienne font face à une nouvelle menace dont il ne sera pas simple de venir à bout. Une situation qui met pour l’instant entre parenthèses l’intégrité territoriale escomptée. En outre, l’annonce des dates des législatives coïncide avec un sommet extraordinaire des dirigeants des pays sahélo-sahariens tenu samedi à N’Djamena, et qui se focalisait sur la crise malienne. Les participants ont appelé à poursuivre les efforts visant à soutenir le Mali en guerre contre des groupes islamistes armés. « Les chefs d’Etat et de gouvernement lancent un appel à tous les membres de la CEN-SAD (Communauté des Etats sahélo-sahariens) afin de continuer à apporter leur appui au processus politique, diplomatique et militaire en cours en vue de parvenir à une stabilité définitive au Mali », a indiqué le communiqué final de la CEN-SAD, qui a été créée en Libye le 4 février 1998 à l’initiative de l’ancien guide Mouammar Kadhafi et qui regroupe 28 pays.
Au terme du sommet extraordinaire, les pays sahélo-sahariens ont annoncé une contribution de 500 millions de Francs CFA (760 000 euros) à la Mission internationale de soutien au Mali (Misma), force ouest-africaine mandatée pour aider les Maliens à reprendre le contrôle du nord du pays tombé en 2012 aux mains de groupes islamistes armés.
Dix chefs d’Etat participaient à cette rencontre, parmi lesquels le Malien Dioncounda Traoré, l’Ivoirien Alassane Ouattara, le Burkinabé Blaise Compaoré et le Soudanais Omar Al-Béchir.
Les participants ont également exprimé leur « grande préoccupation sur la question du terrorisme, phénomène qui menace tout l’espace CEN-SAD et qui doit être éradiqué collectivement par les Etats ».
Mobilisation collective
Le chef de l’Etat tchadien, Idriss Déby Itno, et le président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), Alassane Ouattara, ont plaidé pour une mobilisation collective destinée à faire face aux crises sécuritaires qui secouent la zone sahélo-saharienne.
Le Tchad, qui ne fait pas partie de la Misma et qui a accueilli ce sommet, a promis l’envoi au Mali de 2 000 soldats. « Le cas malien doit nous interpeller tous et nous inciter à accélérer les mesures qui s’imposent pour l’avenir, c’est-à-dire l’activation des forces africaines en attente », a indiqué le président Déby. L’Union africaine a décidé la création dans les grandes régions du continent de forces armées en attente pour s’interposer dans les conflits, mais leur mise en place n’est pas encore effective.
Les dirigeants ont également exprimé leur gratitude envers la France, engagée militairement au Mali depuis le 11 janvier, qui a « stoppé l’avancée de groupes terroristes vers le sud du Mali et créé les conditions d’une reconquête des territoires occupés », selon le communiqué.
En fait, les forces africaines comptent actuellement environ 4 300 hommes sur le terrain, dont quelque 1 800 Tchadiens.
En outre et au cours de ce sommet, les participants ont aussi « adopté le traité révisé de la communauté » CEN-SAD, qui prévoit notamment la création d’un conseil permanent de paix et de sécurité.
Le conflit au Mali, la crise qui a conduit à la formation d’un gouvernement d’union nationale avec les rebelles du Séléka en Centrafrique et les menaces terroristes qui pèsent sur plusieurs pays de la région incitent aujourd’hui les pays sahélo-sahariens à parler d’une même voix sur les questions sécuritaires.
Lien court: