Vendredi, 13 septembre 2024
Al-Ahram Hebdo > Afrique >

Echos économiques : Le casse-tête de la dette africaine

Eva Dadrian, Lundi, 04 février 2013

Les Etats-Unis viennent d’annoncer l’annula-tion « intégrale » de la dette de la Guinée auprès du gouvernement américain. Cette annonce aurait été faite par l’ambassadeur des Etats-Unis en Guinée qui aurait expliqué que la décision américaine est un vote de confiance et « vise à encourager le régime du président, Alpha Condé, dans sa lutte contre la pauvreté ». En juillet dernier, lors de la visite officielle à Paris du président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, les deux pays avaient conclu « un accord bilatéral d’annulation de dettes ». Comparés à la dette de 93 millions de dollars (68 millions d’euros) de la Guinée, les 3,76 milliards d’euros de la Côte d’Ivoire pesaient lourd dans le budget ivoirien. Mais prise dans les tourmentes de la zone euro et les problèmes de la crise finan-cière globale du début de 2008, qui d’ailleurs continue à hanter les économies des pays industrialisés, les décisions de la France, ou celles des Etats-Unis, semblent audacieuses.En 2005, le Conseil d’administration de la Banque Mondiale (BM) annonçait qu’à par-tir de juillet 2006, les dettes des 17 pays les plus pauvres de la planète seront annulées. Selon les observateurs de l’époque, cette décision répondait aux demandes du som-met du G8 de 2005. A l’époque, ces dettes s’élevaient à 37 milliards de dollars et 14 pays africains — le Bénin, le Burkina Faso, l’Ethiopie, le Ghana, le Madagascar, le Mali, le Mozambique, le Niger, l’Ouganda, la Guinée, le Rwanda, le Sénégal, la Tanzanie et la Zambie — allaient bénéficier de cette initiative.

Mais rien n’était acquis puisque les mesures qui permettaient la mise en oeuvre de cette initiative — qui en principe devrait s’étaler sur 40 ans — s’accompagnaient d’un mécanisme de compensation dit « dol-lar pour dollar ». La BM justifiait ces mesures en expliquant qu’elles étaient desti-nées à préserver les capacités de l’institution à financer pleinement des projets de déve-loppement.En 2007, quelques pays, dont notamment la France, avaient annoncé un renforcement de l’aide aux pays pauvres, avec l’annulation jusqu’à fin 2011 du paiement des intérêts de la dette de ces pays et un accroissement des prêts à leur intention. Dominique Strauss-Kahn, alors patron du Fonds Monétaire International (FMI) avait alors rappelé la « fragilité de la reprise mondiale ». En octobre dernier, en regardant dans sa « boule de cristal », le FMI annonçait que l’Afrique devrait continuer sur sa lancée de forte croissance. Le FMI prévoyait pour l’Afrique une croissance au-dessus de 5 % en 2013, alors que l’économie mondiale n’a connu qu’une crois-sance de 3,25 % à 3,50 % ces deux dernières ❐ DjiboutiPort Djibouti fait rarement « la une » des médias, mais depuis les accords entre les autorités portuaires de Djibouti et Dubaï Port World, le port n’arrête pas de se développer. Les 400 millions de dollars investis, soit plus de 293 millions d’euros, ont fait de Doraleh, plus grand port d’Afrique, en termes de profondeur. En effet, les eaux profondes de Doraleh et les 1 050 m de quais peuvent aujourd’hui accueillir « les toutes nou-velles générations de porte-conteneurs ».

Mais Djibouti est bien décidé à continuer dans sa lancée et voudrait doubler la capacité du port à 3 mil-lions de conteneurs par an pour répondre aux besoins croissants de la Corne de l’Afrique. Un autre grand projet envisagé par les autorités djiboutiennes est la construction de 5 nouveaux ports qui transformerait le plus petit Etat africain en une méga cité portuaire. Un autre méga projet est la construction d’un chemin de fer qui partant du port relirait la côte est du continent à la côte Atlantique, permettant ainsi le transport des marchandises à travers l’Afrique en 72h. Selon un communiqué official, ces projets coûteraient 6 mil-liards de dollars (4,387 milliards d’euros). années.

Mais comment le continent peut-il maintenir une telle croissance quand la dette publique afri-caine qui était de 89 milliards de dollars en 1980, est estimée aujourd’hui à quelque 300 milliards de dollars et qu’elle vient « assombrir chaque année les budgets des Etats africains » ? Le fait est que « les accords bilatéraux d’annu-lation de la dette » restent obscurs et constituent une « spirale » du fait que la dette est annulée pour « réemprunter » ou comme le disent les experts « on s’endette pour payer le service d’une dette dont on n’a toujours pas retourné le capital ». Les experts appellent cette option « désendet-tement-ré-endettement ». Les conséquences de l’endettement pèsent lourds et ce sont les classes les plus pauvres qui en souffrent le plus, puisque la rareté des revenus nationaux — par la faute des remboursements de la dette — fait que les programmes de développement et les services sociaux sont sérieusement perturbés. Aujourd’hui, 60 ans après les indépendances africaines, la nouvelle génération d’Africains n’accepte plus d’être « prise en otage » par les mesures draconiennes imposées soit par les pays industrialisés, soit par les institutions financières internationales. Beaucoup d’Afri-cains refusent cette situation de crise de la dette qui, disent-ils, a été déclenchée par des facteurs extérieurs indépendants de leur volon-té, notamment la hausse des taux d’intérêt, la chute des cours des matières premières ou des traités commerciaux « injustes ». Y aurait-il un moyen de ralentir le recours systématique aux emprunts ? De se défaire de cette subordination ? Comme la dette constitue une part essentielle du budget de l’économie de la majeure partie des pays africains, certains économistes recommandent une plus grande prudence en matière de gestion économique et la mise en place de projets qui permettent des rentrées financières plus importantes .

Djibouti

Port

Djibouti fait rarement « la une » des médias, mais depuis les accords entre les autorités portuaires de Djibouti et Dubaï Port World, le port n’arrête pas de se développer. Les 400 millions de dollars investis, soit plus de 293 millions d’euros, ont fait de Doraleh, plus grand port d’Afrique, en termes de profondeur. En effet, les eaux profondes de Doraleh et les 1 050 m de quais peuvent aujourd’hui accueillir « les toutes nouvelles générations de porte-conteneurs ».

Mais Djibouti est bien décidé à continuer dans sa lancée et voudrait doubler la capacité du port à 3 millions de conteneurs par an pour répondre aux besoins croissants de la Corne de l’Afrique. Un autre grand projet envisagé par les autorités djiboutiennes est la construction de 5 nouveaux ports qui transformerait le plus petit Etat africain en une méga cité portuaire. Un autre méga projet est la construction d’un chemin de fer qui partant du port relirait la côte est du continent à la côte Atlantique, permettant ainsi le transport des marchandises à travers l’Afrique en 72h. Selon un communiqué official, ces projets coûteraient 6 milliards de dollars (4,387 milliards d’euros).

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique