Lors d'un discours à Bamako, le président français, bien accueilli par les Maliens, a signalé que la mission au Mali n'était pas encore terminée.
(Photo:Reuters)
« Je vais au Mali pour dire à nos soldats tout notre soutien, tous nos encouragements, toute notre fierté et pour dire aux Africains que nous avons besoin d’eux pour cette force internationale », a déclaré François Hollande, lors de sa visite au Mali samedi 2 février. Les troupes françaises sont déployées sur le terrain depuis plus de 3 semaines. Le président français, accueilli à sa descente d’avion par le président malien de transition, Dioncounda Traoré, était accompagné de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, et Pascal Canfin, en charge du Développement. Cette visite a été franchement plébiscitée par les Maliens, qui se réjouissaient de l’arrivée de François Hollande le « chef de guerre » comme il est appelé au Mali. Le président français a par ailleurs signalé que la mission n’était pas encore terminée. « Oui, le terrorisme a été repoussé, il a été chassé, mais il n’a pas encore été vaincu. Le combat n’est pas terminé, les groupes terroristes sont affaiblis, ils ont subi de lourdes pertes, mais ils n’ont pas disparu. Alors qu’avons-nous à faire ? Continuer, poursuivre » notre mission, a affirmé Hollande, lors d’un discours à Bamako. « La France restera avec vous le temps qu’il faudra, c’est-à-dire le temps que les Africains eux-mêmes prendront, à travers la Misma, pour nous suppléer, pour nous remplacer. Mais jusque-là, nous serons à vos côtés jusqu’au bout, jusqu’au Nord Mali », a ajouté François Hollande.
L’armée française est entrée en action le 11 janvier au Mali pour stopper une offensive islamiste surprise vers le Sud menée par Ansar Dine (défenseurs de l’islam), un groupe islamiste armé allié à Al-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi).Avec le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), Ansar Dine et Aqmi occupent le Nord depuis 9 mois. De nombreuses exactions contre les civils au nom d’une interprétation rigoriste de la charia (loi islamique) ont été rapporté par la population. Forces spécialesL’intervention des forces spéciales françaises au sol et des frappes aériennes contre des positions islamistes avaient ouvert la voie à l’arrivée à Gao et à Tombouctou du gros des troupes françaises et maliennes qui n’ont rencontré presque aucune résistance. Gao et Tombouctou ont été pris en moins de 3 jours, du 26 au 28 janvier.Le lendemain, des soldats français ont pris position sur l’aéroport de Kidal, à 1 500 km au nord-est de Bamako, près de la frontière algérienne. La troisième plus grande ville du nord Bamako a une situation particulière : elle vient d’être reprise par des islamistes dissidents « modérés » et des rebelles touaregs, les seuls avec lesquels les autorités de Bamako se disent prêtes à dialoguer. La guerre est désormais entrée dans une nouvelle phase : « la reconquête des grandes villes est achevée, et une autre partie a commencé, celle de la traque des djihadistes », a indiqué Hollande, en appelant à la mobilisation des armées africaines qui seront chargées d’assurer la relève et le contrôle des zones reconquises. Exactions Amanesty International a dénoncé, vendredi 1er février, une vingtaine d’exécutions sommaires par l’armée malienne, après le début de l’intervention militaire. Dans son rapport, Amnesty International met également en cause l’aviation française sur les bombardements effectués dans la ville de Konna, dans la nuit du jeudi au vendredi 11 janvier.
Un raid aérien aurait tué ce jour-là au moins 5 civils, ce que dément l’état-major français. Face à ces accusations, les deux chefs d’Etat ont répondu d’une seule voix, en appelant leurs troupes à être « exemplaires ». « Dans l’euphorie de la liberté retrouvée, ne vous laissez jamais aller aux excès, à la vengeance, je sais que je peux compter sur vous pour qu’il n’y ait aucune exaction, aucun règlement de compte », a souligné Dioncounda Traoré. Traoré a aussi promis une « réconciliation nationale » dans le cadre d’un « dialogue inter-malien ouvert à toutes les sensibilités » et réitéré son souhait d’organiser des élections générales avant le 31 juillet prochain. Hollande a prôné en faveur d’une réconciliation et d’un dialogue entre les autorités gouvernementales et les Touaregs, en premier lieu le MNLA .
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