Cela fait un an, plus exactement depuis le 25 avril 2015, que le Burundi a sombré dans la pire crise politique depuis la fin de la guerre civile (1993-2006). Une année au cours de laquelle la situation s’est aggravée et la communauté internationale restée impuissante. Selon un récent rapport de l’Onu, les violences dans le pays ont fait déjà plus de 500 morts et poussé 260 000 Burundais sur les routes de l’exil. « Des milliers d’autres pourraient les rejoindre d’ici la fin de l’année si une solution politique n’est pas trouvée pour éviter une guerre civile », a déclaré vendredi dernier le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (HCR). Son porte-parole, Leo Dobbs, a ajouté que des réfugiés burundais ont parlé des violations de droits de l’homme « y compris la torture, la violence sexuelle, la détention arbitraire, l’intimidation, le recrutement forcé par les milices, les meurtres et l’extorsion ».
Tout a commencé lorsque le président burundais, Pierre Nkurunziza, a annoncé le 25 avril 2005 qu’il se porte candidat à un troisième mandat, contre l’aval d’une large frange de la société civile et de la classe politique, y compris au sein de son propre camp. Dès le lendemain, des manifestations gagnent la capitale pour s’opposer à sa candidature, jugée contraire aux Accords d’Arusha (qui ont mis fin à la guerre civile de 1993 à 2006) et à la Constitution burundaise. Depuis, le pays s’est enfoncé dans une crise politique et économique, mais aussi humanitaire.
Face à cette situation, la communauté internationale a tenté plusieurs fois de présenter des solutions et des propositions afin de remédier à la crise et de contenir le risque d’un retour d’une guerre civile. Selon son secrétaire général, Ban Ki-moon, l’Onu évalue actuellement trois options d’envoi d’une force de police. Des propositions qui interviennent deux semaines après que le Conseil de sécurité eut accepté d’envoyer une présence policière onusienne dans le pays. La première parle d’un déploiement d’une force pouvant aller jusqu’à 3 000 hommes. Cela constitue « la seule option qui pourrait fournir une certaine protection physique à la population », mais la préparation de la mission pourrait prendre des mois et présenter des défis logistiques. La deuxième évoque l’envoi de 228 officiers de police onusiens pour travailler avec les responsables des droits de l’homme et peut-être les observateurs de l’Union Africaine (UA), qui pourraient lancer l’alerte mais ne protégeraient pas les civils. Et la troisième de l’envoi d’un groupe de 20 à 50 officiers qui évalueraient la police burundaise et « aideraient à la mise en place d’améliorations concrètes et mesurables du respect des droits de l’homme et de l’Etat de droit ». Selon des diplomates, l’envoi de 228 officiers de police semble la meilleure option. Le gouvernement burundais a déclaré à l’Onu être prêt à accueillir une vingtaine d’experts policiers non armés, mais qu’il s’opposerait à une « grande » présence policière onusienne. La question n’est donc pas réglée.
Dualité africaine
Parallèlement à cela, peu d’avancées ont eu lieu dans l’instauration d’un dialogue politique réellement inclusif et le président burundais ne répond pas aux pressions. L’historien Christian Thibon, spécialiste de l’Afrique des Grands lacs, explique, lors d’une interview publiée à RFI, que depuis des mois, « il y a eu toute une série d’opportunités pour le pouvoir de se maintenir tout en faisant circuler les différentes personnalités au pouvoir. Donc, on est dans une stratégie qui est celle d’un pouvoir qui se bunkérise, qui est confiant dans son rapport de force militaire sur le pays et qui refuse toute négociation avec l’opposition, espérant que tout compte fait, la plupart des partenaires internationaux vont petit à petit abandonner le terrain ».
La situation est d’autant plus compliquée que du côté de l’UA, il y a une sorte de dualité. D’un côté, une volonté de l’UA de pacifier la situation. De l’autre, une position plus équivoque de la part des présidents. « C’est tout le paradoxe de la situation où effectivement l’Union africaine prendrait une décision qui irait à l’encontre des politiques d’un maintien des présidents dans plusieurs pays africains. Donc, c’est ce paradoxe qui explique qu’on va laisser courir le temps, on va attendre que la situation pourrisse, pour en fin de compte espérer un règlement politique interne, ce qui n’est pour l’instant pas envisageable », explique l’analyste cité par RFI.
Face à l’impuissance internationale et à la dualité africaine, la situation est en train de pourrir. Avec un risque extrême de régionalisation à travers essentiellement la participation de certains miliciens. Le Burundi a accusé notamment le Rwanda d’entraîner des Burundais sur son sol et les renseignements de la RDC s’inquiètent d’infiltrations à l’est de rebelles burundais.
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