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Niger : L’attente des résultats sous haute tension

Sabah Sabet avec agences, Dimanche, 21 février 2016

Le chef de l’Etat nigérien sortant, Mahamadou Issoufou, et son parti sont les grands favoris des élections générales tenues dimanche dernier. Le pays craint des troubles.

Mohamadou Issoufou

Sous la menace des groupes djihadistes sahéliens et du groupe islamiste nigérian Boko Haram, le Niger, ce pays pauvre de 18 millions d’habitants, a tenu dimanche ses élections présidentielle et législatives dans un climat de doute entourant le processus électoral. Très confiant de sa victoire, le président sortant Mahamadou Issoufou, qui brigue un second mandat, fait face à quatorze autres candidats lors du scrutin présidentiel qui sera couplé à des législatives. « Absolument (je suis confiant). Tout le monde s’accorde à dire qu’il va se produire quelque chose d’inédit au Niger : la victoire d’un candidat à la présidentielle dès le premier tour », a assuré Issoufou. Le dirigeant âgé de 63 ans assure qu’il va gagner pour « trois raisons : le soutien de 44 partis politiques dès le premier tour, un excellent bilan et le meilleur programme ».

Et d’ajouter : « En politique tout est question de rapport de force, nous pensons avoir créé, au sein du peuple nigérien, un rapport qui nous permette de gagner dès le premier tour ». Pourtant, l’opposition estime « impossible » que le président Issoufou remporte la présidentielle dès le premier tour, disant même craindre un « hold-up » électoral.

Quoique divisée, l’opposition a aussi promis de s’unifier lors d’un éventuel second tour. Et avant même la tenue du scrutin, l’opposition a mis en doute l’honnêteté du scrutin. « La compétition (de dimanche) n’est pas loyale et pas honnête : nos adversaires utilisent les moyens et l’appareil de l’Etat pour neutraliser des candidats », a accusé vendredi dernier Ibrahim Yacouba, l’un des candidats, figure de la société civile, chef du Mouvement Patriotique Nigérien (MPN) qu’il a créé il y a seulement quatre mois.

Le candidat de 44 ans, qui se présente pour la première fois à une élection présidentielle, accuse le camp du président sortant « d’utiliser de faux sondages pour tromper le peuple ». « Si les élections sont organisées dans de bonnes conditions, nous gagnerons. Mais si on crée les conditions de vols et de tricheries, nous le dénoncerons et nous nous battrons pour sauver la démocratie chèrement acquise », a prévenu l’ex-douanier. Il a de même « énergiquement » dénoncé « l’arrestation arbitraire » en début du mois de Sani Atia, un ténor du MPN basé à Maradi (centre) et transféré dans une prison d’Agadez (nord désertique), selon son parti. Ex-adjoint du directeur de cabinet du président Mahamadou Issoufou, M. Yacouba avait été exclu du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS, au pouvoir), accusé de fomenter un « projet » visant à « faire main basse sur les structures du parti ».

Arrestation de personnalités
Issoufou fait face à trois adversaires principaux, qui ont promis de soutenir celui d’entre eux retenu pour le second tour éventuel : deux anciens premiers ministres, Seïni Oumarou et Hama Amadou, ainsi que Mahamane Ousmane, premier président démocratiquement élu (1993-1996). Ce qui assure en quelque sorte la réélection du président sortant.

Mais le climat politique général est crispé, et la campagne électorale a été tendue, marquée par l’incarcération d’un des principaux opposants et candidats, Hama Amadou, dans un dossier controversé de trafic d’enfants et l’arrestation de certaines personnalités de l’opposition. Par ailleurs, le futur président devra affronter une situation sécuritaire délicate, la crainte d’attaques djihadistes toujours présentes puisque le pays est situé au confluent des opérations d’Al-Qaëda au Sahel, au nord, et de Boko Haram, au Nigeria. Le pays est aussi marqué par une corruption importante, qui siphonne l’essentiel des revenus tirés de l’exportation d’uranium, de fer ou d’or. Les trois quarts de la population vivent avec moins de deux dollars par jour. Enfin, avec une démographie galopante due au plus fort taux de fécondité de la planète, le Niger fait face à la désertification de ses campagnes et à l’afflux de familles dans les centres urbains. L’Onu a estimé récemment que cette année, environ deux millions de personnes auront besoin d’une assistance alimentaire.

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