Malgré des semaines de manifestations, laissant une dizaine de morts et de blessés, l’élection présidentielle en Guinée se tiendra finalement le 11 octobre 2015, alors que les locales auront lieu en mars 2016. 8 candidats ont déposé leurs dossiers de candidature au scrutin d’octobre. Sept hommes et une femme, cinq d’entre eux déjà présents il y a cinq ans, sont des habitués du scrutin présidentiel. Les trois autres font figure de novices. Donné favori, le président sortant, Alpha Condé, est le candidat du Rassemblement pour le Peuple de Guinée (RPG).
Si le scrutin semble joué d’avance, il ne garantit cependant pas à M. Condé un nouveau mandat prospère et tranquille. En effet, à quelques semaines de la tenue des élections, la Guinée témoigne d’une vague de protestations et de manifestations contre le processus électoral. L’opposition a dénoncé la date des élections, décidée par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Elle critique notamment l’inversion du calendrier, estimant que l’organisation du scrutin local devait avoir lieu en premier pour éviter qu’une période supplémentaire d’une année ne soit ajoutée au mandat déjà illégal et illégitime des délégations spéciales, des administrations désignées par l’exécutif, faute d’élections locales depuis 2005.
La tension est telle que, dans un rapport rendu public le 3 septembre dernier, Amnesty International a demandé aux autorités guinéennes de contrôler les forces de sécurité à l’approche de l’élection et de veiller à ce qu’elles n’usent pas une nouvelle fois d’une force excessive lors d’affrontements avec les manifestants.
Pour tenter de briser l’état de tension, le pouvoir en place a engagé au cours des derniers mois un dialogue avec l’opposition. Ce dialogue a abouti à un accord prévoyant la désignation par l’opposition de deux personnes pour remplacer deux de ses commissaires à la Céni, décédés, ainsi qu’un audit du fichier électoral avant la présidentielle.
Au milieu de cette atmosphère tendue, les analystes pensent que le président sortant, Alpha condé, est toujours le grand favori de ces élections. André Silver Konan, journaliste-écrivain et spécialiste de la Guinée, voit que Condé est le plus proche de la victoire dans ce scrutin pour plusieurs raisons. « Alpha Condé part en 2015, confiant, d’autant plus qu’il est sur le terrain depuis son élection, qu’il a mieux organisé le RPG devenu RPG-Arc-en-ciel (ndrl : le parti présidentiel), que les sections de la mouvance présidentielle sont représentées partout, y compris dans des zones qui lui étaient fermées auparavant », explique-t-il sur le site (Guinéeenmarche.com).
Les moyens financiers aux mains du président actuel sont aussi l’une des raisons du succès prévisible de Alpha Condé. « Dans un pays plus pauvre que de nombreux pays africains, les électeurs se laissent volontairement séduire par le franc guinéen. Et il est sûr que le GNF va beaucoup circuler les semaines à venir », dit l’analyste. De même, la dispersion de l’opposition face au renforcement de la coalition qui soutient Condé a aussi un grand effet. Et à l’expert de conclure : « On ne gagne pas une élection contre un président sortant ».
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