Les négociations de paix entre la rébellion congolaise dumouvement du M23 et le gouvernement de Kinshasa, entamées le 9 décembre à Kampala, en Ouganda, ont été suspendues vendredi sans aucune avancée jusqu’ici, entretenant l’incertitude sur le terrain. « En dépit de progrès substantiels, le consensus n’a pas été trouvé sur l’un des points de l’ordre du jour (...) relatif au besoin de renforcer l’accalmie actuelle des hostilités militaires », a déclaré le ministre ougandais de la Défense, Crispus Kiyonga, médiateur des pourparlers.
Depuis leur ouverture, les négociations piétinent et les deux parties n’ont toujours pas abordé le fond des problèmes qui les opposent Elles n’ont toujours pas réussi à se mettre d’accord sur le programme des discussions.
Par ailleurs, le M23 a réclamé mercredi dernier la signature d’un cessez-le-feu avec les autorités de la République Démocratique du Congo (RDC), accusant Kinshasa de faire traîner les négociations à Kampala, pour renforcer ses positions dans l’est de la RDC. Les rebelles estiment indispensable la signature de ce cessez-le-feu avant tout réel début des discussions. Pour sa part, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a, lui, jugé nécessaire cette pause dans les pourparlers. « Un tel processus nécessite de temps en temps que les personnes déléguées reviennent à la centrale pour faire le point avec ceux qui les ont mandatées. Je pense que c’est tout à fait sage et normal », a-til déclaré.
Les pourparlers avaient été promis aux rebelles au terme d’une médiation des pays de la région des Grands Lacs, orchestrée par l’Ouganda, en échange de leur retrait de Goma, la capitale du Nord-Kivu, qu’ils avaient prise le 20 novembre avant de quitter les lieux le 1er décembre dernier.
Ce retrait a dans l’immédiat éloigné la crainte d’un embrasement de la région mais, sur le fond, rien n’est réglé, et le piétinement des négociations entretient la crainte de nouveaux combats.
En outre, une partie des mutins ne s’est pas retirée, comme convenu, à au moins 20 km plus au nord et campe à portée de tir de la ville. De plus, le chef des opérations de maintien de la paix de l’Onu, Hervé Ladsous, affirmait que des centaines de rebelles effectuaient des déplacements « erratiques mais inquiétants » près de la capitale provinciale. Il n’excluait pas l’envoi de renforts « si les circonstances l’exigent ». Un officier supérieur de l’armée congolaise, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a de son côté estimé insuffisants les 650 soldats gouvernementaux déployés à Goma. « On ne peut pas être efficace de cette façon », s’est-il inquiété, qualifiant la proximité des rebelles de « menace directe ».
Le M23 est formé d’anciens rebelles, d’abord intégrés dans l’armée de RDC aux termes d’un accord signé le 23 mars 2009 avec les autorités de Kinshasa, mais qui ont repris le combat au printemps dans le Nord-Kivu, accusant le gouvernement de ne pas l’avoir respecté. Initialement formé pour obtenir la pleine application de l’accord, le M23 a depuis multiplié ses doléances, qui touchent désormais à des questions de gouvernance, de bien-être social et de droits de l’homme. Il a aussi remis en cause la légitimité du président Joseph Kabila, réélu en 2011 au terme d’élections contestées.
En revanche, et malgré la situation tendue entre les deux parties, les deux délégués de Kinshasa et du M23 ont insisté sur le fait que les pourparlers reprennent au mois de janvier. « Le facilitateur a décidé, après consultation avec les parties, d’ajourner les réunions préliminaires u dialogue jusqu’au 4 janvier 2013, alors qu’approchent les fêtes de fin d’année », a déclaré Crispus Kiyonga, en ajoutant que quatre grands sujets devront être discutés : l’accord du 23 mars 2009, les problèmes de sécurité, les questions politiques, économiques, sociales et les mécanismes de mise en oeuvre d’un éventuel accord.
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