Le nouveau premier ministre, Diango Cissoko, est nommé à la suite de la démission forcée de son prédécesseur Cheick Modibo.
Préparer les futures élections présidentielles et trouver les solutions à la crise du Nord : telles sont les missions qui doivent être accomplies par le nouveau gouvernement formé et annoncé samedi dernier. Sous l’autorité du nouveau premier ministre Diango Cissoko, la liste des ministres a été rendue public ce samedi dans la soirée à la télévision nationale malienne. En fait, la nouvelle équipe gouvernementale de transition ne diffère pas beaucoup de sa précédente. Les principaux portefeuilles de l’Economie, de la Justice, de la Défense et des Affaires étrangères ne changent pas de mains. On note toutefois le départ de la plupart des proches du premier ministre sortant, Cheick Modibo Diarra. Ce dernier a été démissionné sous la pression d’officiers putschistes menés par le capitaine Sanogo. Ce dernier a conservé les ministères-clés qu’il détenait déjà, notamment la Défense, la Justice et la Sécurité intérieure. En fait, les ex-juntes avaient renversé, le 22 mars, le président Amadou Toumani Touré par un coup d’Etat ayant précipité la chute du nord du pays aux mains de groupes islamistes, qui l’occupent entièrement depuis juin dernier et y imposent une interprétation rigoriste de la charia.
Par ailleurs, le premier ministre a tenu à intégrer davantage de représentants des communautés du Nord, trois nouveaux ministres songhaï, arabe et tamachek font leur entrée dans ce gouvernement. Les principaux regroupements politiques sont par ailleurs représentés. De plus, Cissoko n’a pas manqué cette fois de nommer un porte-parole du gouvernement, ministre de la Communication. Il a maintenu le poste de ministre du Culte, inauguré en août dernier. Une faille cependant : le premier ministre avait promis un gouvernement « représentatif de la société malienne », il ne reste plus que trois femmes dans la nouvelle équipe.
En effet, et à la suite de l’annonce du nouveau gouvernement, les divers partis ont commencé à réagir. Le FDR (le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la République), regroupement de partis résolument opposés au putsch du capitaine Sanogo, se déclare prêt à soutenir ce gouvernement si celui-ci poursuit les deux objectifs prioritaires qui lui sont assignés. « L’essentiel, pour le FDR, c’est que nous puissions quitter cette transition le plus vite possible. Quitter cette transition suppose la libération du nord, organiser des élections présidentielles courant 2013 », affirme Amadou Koïta, porte-parole du FDR. La COPAM (Coalition des organisations patriotiques du Mali, qui est plus proche du capitaine Sanogo) a accueilli favorablement ce changement. « Ce gouvernement est constitué d’hommes compétents, le premier ministre lui-même est un homme d’expérience », affirme Younouss Dicko, président de la COPAM, en insistant sur la nécessité d’une concertation nationale, sinon le gouvernement sera faible.
« Nos institutions ont été ... détruites. Trop d’interférences étrangères sur nous. Et il n’y a que la concertation nationale pour donner une légitimité populaire aux nouvelles institutions », conclut-il.
Plan d’intervention
En outre et au moment où le pays est occupé par ce remaniement, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) s’est réunie aussi samedi en Côte d’Ivoire sur la crise malienne. A Abidjan, les chefs d’état-major des pays d’Afrique de l’Ouest ont affiné leur plan pour une opération au nord du Mali.
« Nous avons parfait aujourd’hui le concept d’opération harmonisé conjoint, c’est-à-dire le plan d’intervention (censé définir la mission, les effectifs, etc.), adopté par la région et l’Union africaine et transmis au Conseil de sécurité des Nations-Unies », a déclaré le général Soumaïla Bakayoko, chef de l’armée ivoirienne.
Selon le général Bakayoko, dont le pays préside la Cédéao, les responsables militaires ont validé une planification, un peu plus poussée, de cette opération. « Les participants sont allés plus loin dans l’examen du niveau de préparation des pays qui ont promis de fournir des troupes à cette force, baptisée Mission internationale de soutien au Mali, sous conduite africaine (Misma) », affirme-t-il en ajoutant que cet état des lieux va se poursuivre relativisant de facto les déclarations de certains responsables politiques régionaux, tendant à faire croire que les troupes sont fin prêtes et n’attendent plus qu’un feu vert pour intervenir.
Ainsi, l’Union africaine et la Cédéao espèrent que le Conseil de sécurité adoptera en décembre une résolution autorisant le déploiement de cette force, destinée à chasser les groupes islamistes armés occupant seuls depuis juin le nord malien. Pour sa part, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a exprimé récemment de fortes réserves sur une telle opération et sa conception.
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