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Nigeria : Nouveau départ, énormes défis

Sabah Sabet avec agences, Mercredi, 08 avril 2015

Le président nigérian fraîchement élu, Muhammadu Buhari, fait d'emblée de la lutte contre Boko Haram et la corruption ses principales priorités.

Nigeria : Nouveau départ, énormes défis

A peine élu président du Nigeria, lors d’un scrutin transparent et libre selon les observateurs, Muhammadu Buhari déclare la guerre contre le groupe armé terroriste Boko Haram. « Je peux vous assurer que Boko Haram va vite mesurer la force de notre volonté collec­tive et de notre engagement à débarrasser la nation de la terreur et pour ramener la paix », a déclaré cette semaine le nouveau président du Nigeria, Muhammadu Buhari. Le général retrai­té de 72 ans a promis qu’aucun effort ne sera épargné pour vaincre le terrorisme « du groupe qui mène attaques, attentats-suicides et enlève­ments depuis des années dans le nord-est du pays ».

Avec 53,95 % des voix, cet ancien général, qui était le candidat de la coalition de l’opposi­tion (APC), a largement battu le chef d’Etat sortant Goodluck Jonathan, candidat du Parti Démocratique Populaire (PDP), crédité de 44,96 %, selon les résultats officiels annoncés par la commission électorale indépendante mardi 31 mars.

Les résultats des élections parlementaires qui ont eu lieu au même moment n’ont pas encore été publiés. Selon le calendrier officiel, M. Buhari doit être investi le 29 mai. Après avoir reçu de la commission électorale un certificat attestant de sa victoire, Buhari a aussi tendu la main à son rival de campagne, le président sor­tant Goodluck Jonathan, appelant à « oublier les vieilles batailles et les contentieux du passé ». Le PDP détenait le pouvoir depuis 1999, date du retour à la démocratie du Nigeria après des années de dictatures militaires. Depuis son indépendance en 1960, le Nigeria a connu 6 coups d’Etat.

Buhari avait violemment critiqué l’adminis­tration de Jonathan durant la virulente cam­pagne électorale, l’accusant notamment d’être gangrenée par la corruption, un de ses chevaux de bataille. Son parti avait d’ailleurs choisi comme emblème de campagne un balai, pour illustrer sa volonté d’en finir avec la corruption et l’insécurité. La corruption en particulier, l’un des plus grands fléaux du Nigeria, « n’aura plus sa place » dans le pays, a assuré M. Buhari. « Les corrompus ne seront pas nommés dans ma nouvelle administration », a-t-il promis.

Ancien putschiste à la tête d’une junte mili­taire entre 1983 et 1985, l’ancien général Buhari se présente comme un « converti à la démocra­tie ». C’était la quatrième tentative à la prési­dentielle de ce musulman du nord, après 3 échecs successifs depuis 2003, dont le dernier déjà face à M. Jonathan, un chrétien du Sud, en 2011. Il a promis de former un gouvernement de « tous les Nigérians ». « La démocratie et l’Etat de droit seront établis sur nos terres », a-t-il ajouté.

Cette présidentielle réussie, dans le pays le plus peuplé d’Afrique avec 173 millions d’habi­tants, est un symbole fort sur le continent, où la question de l’alternance pacifique et démocra­tique reste d’actualité, avec des dirigeants en poste ou une même famille au pouvoir parfois depuis plusieurs dizaines d'années.

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