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Nucléaire iranien : « L’heure de vérité » approche

Maha Al-Cherbini avec agences, Mercredi, 04 mars 2015

Un intense marathon diplomatique s'est engagé, à quelques semaines du délai pour la signature d'un accord entre Téhéran et les Six. De nombreux obstacles doivent encore être surmontés.

C’est d’ici à quatre semaines, précisément le 31 mars, que l’Iran et les Six doivent parvenir à un accord politique sur le nucléaire iranien, étape préalable à un règlement définitif à la crise fin juin. Faute de temps, un marathon diplomatique est lancé depuis plusieurs semaines entre les deux parties, afin de régler les pommes de discorde susceptibles d’entraver la signature d’un accord final. Ce jeudi 5 mars, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, va se rendre en Suisse pour y rencontrer, une nouvelle fois, son homologue iranien, Javad Zarif, en pleines discussions entre responsables politiques des grandes puissances (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie, Allemagne) et de l’Iran. Avant de se rendre en Suisse, Kerry a averti la République islamique que le moment de vérité approchait pour prouver au monde qu’elle ne cherchait pas à acquérir la bombe atomique. « L’Iran n’aura jamais le droit de posséder la bombe atomique parce qu’il est signataire du Traité de Non-Prolifération (TNP) », a affirmé le responsable américain.

En effet, les négociations à venir seront décisives, car elles vont porter sur les bases fondamentales d’un éventuel accord proposé, samedi dernier, par les Etats-Unis. Sans annoncer tous les détails de cet accord en vue, des responsables américains ont exposé les principes sur lesquels Washington reste inflexible. Entre autres, l’Iran n’est autorisé ni à produire du plutonium à des fins militaires dans son réacteur d’Arak, ni à utiliser son usine de Fordo pour y enrichir de l’uranium. Seul le site de Natanz pourrait être utilisé pour enrichir de l’uranium. Bien plus, l’Iran doit réduire, « de manière significative », le nombre de ses centrifugeuses et il doit aussi autoriser des inspections de tous ses sites nucléaires. Quant au dossier épineux des sanctions, Washington propose leur allégement « progressif ». Or, Téhéran insiste à ce que les sanctions soient totalement levées, juste après la conclusion de l’accord.

Avec autant de désaccords sur des questions-clés, le doute est de mise. La Maison Blanche a évalué à « 50/50, au mieux » les chances de réussite. Et les responsables de la diplomatie américaine, qui ne veulent pas céder sur leurs demandes, ont souligné que « rien ne garantit qu’un accord soit scellé avant la date butoir ».

En fait, ce scepticisme est motivé par tant de facteurs, dont en premier lieu, la nature ambiguë d’un régime iranien qui ne cesse de souffler le chaud et le froid pour gagner du temps. Ce temps, estiment les plus sceptiques, est simplement pour mener à bien son programme nucléaire ; alors que Téhéran continue de se montrer ouvert à un accord avec les Six, « pour le bien de la région dans sa totalité ». « Un accord est toujours possible. L’aide de l’Iran sera utile pour trouver des solutions aux problèmes régionaux, notamment la lutte contre l’extrémisme de Daech », a affirmé Javad Zarif.

Selon Mohamad Abbas du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS), d’Al-Ahram, « une chose est sûre, Téhéran ne cédera pas à son programme nucléaire, coûte que coûte. Il aspire à finir son programme nucléaire, puis l’imposer au monde, tout en prouvant son caractère pacifique ». Toujours selon l’analyste, « Téhéran nourrit toujours le rêve de devenir une superpuissance régionale. Et oeuvre à le concrétiser ».

Contradictions
En attendant les résultats des discussions en cours, Téhéran poursuit toujours la même tactique : lancer des signaux contradictoires. Montrant les dents, les Gardiens de la révolution, l’armée d’élite du régime iranien, ont entamé cette semaine des manoeuvres militaires navales dans le détroit d’Ormuz, porte d’entrée du Golfe, où sont stationnés plusieurs navires occidentaux engagés dans la lutte contre le groupe Etat islamique. Avec des forces navales estimées à 20 000 hommes, Téhéran a, dans le passé, menacé de paralyser le détroit d’Ormuz, par où transite le tiers du trafic pétrolier maritime mondial, en cas d’attaque contre ses territoires.

Outre cette ambiguïté du régime iranien, la réticence des faucons des deux régimes, iranien et américain, opposés à un accord, est aussi un facteur à craindre. Sans négliger le poids d’un Israël soucieux de tout faire pour barrer la route à cet accord.

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