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Israël : Une visite controversée à Washington

Maha Al-Cherbini avec agences, Mardi, 17 février 2015

Benyamin Netanyahu se rend prochainement aux Etats-Unis pour un discours au Congrès américain à l'invitation des Républicains, sur fond de désaccord avec Washington et de campagne électorale israélienne.

Il semble que le dossier nucléaire iranien ait réussi à diviser les Américains et semer la discorde entre Washington et son enfant gâté, Israël. A l’approche du 31 mars- date où Téhéran et les Six doivent signer un accord politique avant de conclure un accord final le 1er juillet— le fossé ne cesse de se creuser entre Washington et Tel-Aviv, ce dernier exprimant ses doutes profonds quant aux chances d’obtenir un accord satisfaisant avec l’Iran et réitérant qu’il se réservait la possibi­lité d’une action militaire. « Les contraintes diplomatiques ne nous ont jamais conduits à restreindre le droit d’Israël à se défendre », a menacé le premier ministre israélien, qui mène une intense activité diplomatique pour avorter tout accord avec l’Iran, au grand dam de la Maison Blanche.

Irrité par ces pressions israéliennes qui visent à mettre les bâtons dans les roues, le président Barack Obama n’a pas caché son « profond désaccord » avec Bibi sur le nucléaire iranien. N’oublions pas que le pré­sident américain est déjà sous les feux d’un Congrès dominé par ses adversaires les Républicains, soucieux d’imposer à Téhéran de nouvelles sanctions en pleines discussions avec les Six. Selon la Maison Blanche, cette pression israélienne ne fait qu’attiser la colère du Congrès où le lobby israélien est très fort, de quoi précipiter de nouvelles sanctions qui avorteraient le processus diplomatique en cours. A deux ans de la fin de son dernier mandat, M. Obama veut donner une chance à la diplomatie de ne pas sombrer dans une nouvelle guerre sans merci après ses échecs en Iraq et en Afghanistan.

Relevant le défi, Benyamin Netanyahu va se rendre le 3 mars à Washington pour prononcer un discours sur le danger du nucléaire iranien devant le Congrès, à l’invitation des Républicains. « Je vais aux Etats-Unis non pas parce que je recherche la confrontation avec le président américain, mais parce je dois parler de la menace iranienne qui touche à la survie de mon pays. Il se peut que le Congrès joue un rôle important et influent sur l’accord. Un accord avec l’Iran lui permettrait de produire des bombes nucléaires en vue de notre destruction », a estimé Netanyahu, reconnaissant l’existence de « profondes divergences » entre Tel-Aviv et Washington sur ce dossier. En effet, le président républicain de la Chambre des représentants du Congrès, John Boehner, a délibérément caché à la Maison Blanche avoir invité Netanyahu à s’exprimer devant le Congrès sur l’Iran, car il ne souhaitait pas « d’ingérence de l’exécutif ». « L’animosité que la Maison Blanche nourrit à l’égard du premier ministre israélien n’est pas un secret. Je ne voulais pas qu’ils fassent obstacle et fassent échouer une telle occasion », a ajouté John Boehner.

Invitation trop « politisée »

Irrité par ce défi du Congrès, le président américain a exprimé son mécontentement vis-à-vis de la visite de Netanyahu, et a même refusé d’accueillir le responsable israélien. A leur tour, des sénateurs démocrates, dont l’influent démocrate Patrick Leahy et le vice-président américain, Joe Biden, ont décidé de ne pas assister au discours du chef israélien, pour protester contre une invitation trop « politisée ». Selon l’Administration américaine, la visite de Netanyahu n’est qu’une flagrante tentative d’ingérence en plein débat au Congrès sur l’opportunité de nouvelles sanctions contre l’Iran. Se servant d’un faux prétexte pour ne pas compliquer davantage ses relations avec son allié éternel, Barack Obama a souligné « l’inconvenance de rencontrer un dirigeant étranger en pleine campagne électorale à deux semaines des législatives israéliennes du 17 mars ».

Outre cette colère américaine, cette visite a suscité des critiques en Israël, surtout de la part de l’opposition qui l’accuse de sacrifier les relations avec le principal allié d’Israël. Dans une tentative de minimiser l’impact de cette divergence sur les relations avec Washington, le leader israélien a affirmé qu’il y avait toujours des divergences entre Tel-Aviv et des présidents américains au fil de l’Histoire, mais les relations en sortaient chaque fois beaucoup plus fortes. Même ton diplomatique adopté par la Maison Blanche affirmant qu’ « Israël et les Etats-Unis sont unis par un lien indestructible ». Une façon de laisser passer l’orage entre deux alliés éternels qui ne pourraient jamais se sacrifier quelles que soient leurs divergences.

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