Le nouvel an apportera-t-il la paix à la péninsule coréenne, toujours menacée par le spectre d’une confrontation militaire depuis la fin du conflit (1950-1953) qui les a séparées ? Les dernières évolutions raniment l’espoir d’une réconciliation tant attendue. A l’occasion de son traditionnel discours du nouvel an, le président communiste nord-coréen, Kim Jong Un, au pouvoir depuis 2011, a déclenché une surprise inattendue, se disant pour la première fois prêt à engager des pourparlers au plus haut niveau avec Séoul. Ce message du nouvel an est généralement considéré comme annonciateur de la politique de l’année à venir en Corée du Nord.
Cette main tendue, par le régime stalinien, fait écho à un geste d’ouverture de Séoul qui a proposé la semaine dernière des pourparlers intercoréens début janvier. Au pouvoir depuis 2013, la présidente sud-coréenne a salué cette main tendue par Pyongyang qui pourrait ouvrir la voie à un sommet intercoréen historique. Le dernier sommet intercoréen remonte à 2007, lorsque le président sud-coréen Roh Moo-Hyun, décédé depuis, avait rencontré à Pyongyang Kim Jong IL. Le dernier tour de table officiel entre les deux Corées remonte au mois de février : il avait permis la réunion de familles séparées depuis la guerre, mais les négociations avaient été ensuite rompues en raison d’un regain de tension militaire. Il est prévu que les deux Corées ouvrent leurs pourparlers par le dossier humanitaire, rencontres des familles séparées par la guerre, car ce dossier bloque habituellement les négociations politiques.
Pour autant, il ne faut pas tomber dans l’optimisme et rappeler les motifs de cette ouverture nord-coréenne inattendue. Pour la plupart des experts, il s’agit d’une manoeuvre de la part de Kim Jong Un visant à calmer le jeu avec Washington, alors que la tension entre les deux pays est à son comble. Sous pression, le leader communiste a décidé de changer de tactique et d’adopter un ton plus conciliant pour faire d’une pierre deux coups : arrêter un déluge de sanctions internationales et briser son isolement international. « La Corée du Nord a enfin réalisé qu’elle ne pourrait pas améliorer ses relations avec Washington sans passer par la porte de Séoul. Mais, je pense que l’aboutissement à une paix durable entre les deux Corées sera difficile. Le régime stalinien ne renoncera jamais à son arme nucléaire dont il se sert pour faire peser une menace contre les Américains. Pour Pyongyang, le nucléaire est une carte de défense. Avec ce ton conciliant, Kim Jong Un tente de souffler le chaud et le froid à l’iranienne, pour gagner du temps et stopper des sanctions devenues insupportables », analyse Hicham Ahmed, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire. Les propos du professeur Hicham Ahmed semblent crédibles car les deux soeurs ennemies sont loin d’avoir trouvé un terrain d’entente. Premier accroc en date : le dirigeant nord-coréen a prévenu samedi Séoul qu’il lui faut d’abord stopper ses exercices militaires conjoints avec Washington avant d’entamer les négociations bilatérales. Rejetant l’exigence du Nord, Séoul a pour sa part exigé de sa voisine qu’elle cesse ses provocations nucléaires.
Arsenal renforcé
N’ayant aucune confiance dans un régime stalinien qui ne cesse de souffler le chaud et le froid, les Etats-Unis ont renforcé cette semaine leur arsenal de sanctions économiques contre Pyongyang, en représailles à l’attaque informatique ayant visé le studio de cinéma Sony Pictures. Les nouvelles sanctions sont prises contre dix responsables du régime et trois organisations et entreprises nord-coréennes. « Il s’agit du premier volet de notre riposte aux provocations nord-coréennes. », menace la Maison Blanche. Visé par une vaste cyber-attaque à la fin novembre, Sony Pictures avait, dans un premier temps, annulé la sortie d’un film « L’Interview qui tue » qui relate une tentative d’assassinat du leader nord-coréen Kim Jong Un par la CIA. Un film qui a beaucoup déplu à Pyongyang.
Menaçant, Pyongyang a dénoncé avec force le renforcement des sanctions à son encontre critiquant le refus de Washington de mettre en place une enquête conjointe sur cette affaire. Outre cette affaire, Kim Jong Un craint la campagne internationale guidée par Washington pour dénoncer la situation des droits de l’Homme dans son pays. A la lumière de cette guerre américaine, Pyongyang poursuivra-t-elle son attitude conciliante envers sa voisine ou reprendra-t-elle sa politique d’agressivité ?.
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