La divisionou la guerre ? Tels sont les deux scénarios qui menacent une Ukraine déchirée entre Moscou et l’Occident. Alors que les combats font rage dans cette ex-République soviétique, les principaux protagonistes de la crise ukrainienne se sont réunis, samedi et dimanche, à Brisbane (Australie) lors du sommet du G20. Un sommet aux accents de guerre froide assombri par le plus grave bras de fer, qui oppose Moscou et l’Occident sur l’Ukraine.
Depuis le début de la crise ukrainienne en avril, jamais la Russie n’a été autant harcelée que cette semaine au sommet du G20. Les critiques européennes et américaines sont tombées dru sur la tête du président russe Vladimir Poutine, pour son soutien aux séparatistes. En fait, les leaders anglo-saxons ont conservé au chef du Kremlin un accueil « saignant », l’accusant d’être un « agresseur de l’Ukraine » ou de vouloir restaurer la « gloire perdue du tsarisme », selon le premier ministre australien, Tony Abbott. Cette vague de critiques a porté M. Poutine à écourter sa visite et à quitter l’Australie dimanche matin, avant même la publication du communiqué final.
Ne se contentant pas de la guerre des mots, le président américain Barack Obama a averti que si son homologue russe continuait à alimenter le conflit dans l’est de l’Ukraine, son pays resterait isolé de la communauté internationale. Côté européen, le dilemme reste compliqué : les Européens veulent rester fermes à l’égard de Moscou, tout en tendant la main à Poutine pour ne pas fermer la porte à la diplomatie. Lundi, le club européen a tenu le bâton du juste-milieu, se contentant d’élargir la liste de nouvelles personnalités de la rébellion séparatiste en Ukraine, dont les avoirs sont gelés. Il s’agit d’un « geste politique » qui ne fait aucune pression sur Moscou. Selon les experts, le club européen a, enfin, réalisé que l’arme des sanctions n’inciterait pas la Russie à changer d’attitude, car Poutine n’accepterait jamais de voir à ses frontières une Kiev pro-européenne. Cela étant, le club européen n’a désormais qu’une ambition : ramener Poutine à la table des négociations : « Il est important de parler. Il y a une grande proximité de vues entre Européens sur l’Ukraine, et la Russie », a expliqué, dimanche, la chancelière allemande Angela Merkel.
L’est séparatiste isolé
Loin de cette guerre au sommet, un regard sur le bouc émissaire ukrainien n’apporte que pessimisme et désespoir. Alourdissant le bilan des 4 000 morts en Ukraine depuis avril, 5 civils, dont 2 enfants, ont été tués cette semaine par un tir d’artillerie dans l’est de l’Ukraine, alors que plus de 7 soldats ukrainiens ont succombé dans des violences entre l’armée et les séparatistes. Face à cette aggravation de la crise, le président ukrainien, Petro Porochenko, a ordonné le retrait de tous les services publics des régions sous contrôle des séparatistes pro-russes. Cette décision s’applique aux services publics tels que les écoles, les hôpitaux, les secours ... Une façon d’isoler les régions séparatistes militairement et économiquement, afin de « ne pas permettre à ce cancer de s’étendre », a affirmé le président ukrainien. En effet, l’isolement de l’est n’est qu’une conséquence des élections tenues dans les régions séparatistes, le 2 novembre, au grand dam de Kiev.
Depuis ces élections, les hostilités s’étaient fort aggravées, nourrissant les craintes d’un embrasement dans la région. Dimanche, les autorités ukrainiennes ont affirmé que les séparatistes et les troupes russes se préparaient à une vaste offensive, alors que Kiev s’est dit prête à une « guerre totale ». Autant d’évolutions qui rendent inéluctable un seul scénario : la partition de l’Ukraine .
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