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Ukraine : Un parfum de division

Maha Al-Cherbini avec agences, Mardi, 04 novembre 2014

Au grand dam de Kiev et de l'Occident, les régions de l'est ukrainien, pro-russe, ont élu leurs Parlements et présidents, lors d'un scrutin soutenu par Moscou.

Ukraine

Avec la tenue des élections dans l’est ukrai­nien pro-russe, la crise ukrainienne s’enlise, augurant une division imminente de l’ex-répu­blique soviétique, déchirée par Moscou et l’Occi­dent. Sur fond d’intensifications des combats, les régions séparatistes de l’est de l’Ukraine ont défié Kiev et l’Occident, en élisant dimanche leurs propres scrutins pour élire présidents et Parlements. Des élections qui mettent en cause le fragile processus de paix, et inquiètent fort sur l’avenir du pays. Sans surprise, les dirigeants rebelles ont remporté une victoire écrasante au vote : le premier ministre de « la République auto-proclamée de Donetsk », Alexandre Zakhartchenko, a été élu « président » avec 81,3 % des voix, alors qu’à Lougansk, autre place forte des rebelles, l’ex-militaire Igor Plotniski, très attaché au passé soviétique, a été élu avec 63 % des voix. A peine élus, les deux chefs sépa­ratistes ont fustigé l’Ukraine qui ne veut pas la paix et qui joue un « double jeu ». Cette guerre verbale, déclarée dès la première minute, risque de finir par la perte par Kiev de ces territoires rebelles à l’issue d’un conflit qui a fait plus de 4 000 morts en 6 mois.

Rejetant un scrutin « illégitime », les autorités ukrainiennes ont ouvert une enquête criminelle pour tentatives de « prise de pouvoir » et « chan­gement de l’ordre constitutionnel ». Furieux, le président ukrainien pro-occidental, Petro Porochenko, a qualifié ce scrutin de « farce menée sous la menace des chars ». Une fureur partagée par l’Europe qui a qualifié ce vote de « nouvel obstacle » à la paix. Contrairement à Moscou, qui a reconnu le résultat du vote.

Agressive envers l’Europe

Selon les experts, ce scrutin aggravera le bras de fer entre Moscou et l’Occident, vrais protago­nistes de la crise ukrainienne. En riposte à ce défi russe, l’Union européenne a décidé de maintenir ses sanctions contre Moscou, de quoi inciter ce pays à souffler le chaud et le froid pour ne pas fermer la porte à la diplomatie. Se montrant agressive envers l’Europe, la Russie a procédé, cette semaine, à des manoeuvres militaires « à grande échelle » et « inhabituelles » dans le ciel européen, selon l’Otan, entre autres une brève incursion au-dessus de l’Estonie et une traque d’un sous-marin dans les eaux suédoises. Selon les experts, le but de ces manoeuvres est d’intimi­der les Occidentaux afin de lever des sanctions devenues étouffantes, et les obliger à admettre les élections de l’est ukrainien qui préludent à son annexion à la Russie, à l’instar de la Crimée. La présence d’une Kiev pro-européenne aux fron­tières russes, est perçue comme une « question de vie ou de mort » pour le président russe Vladimir Poutine qui serait prêt à s’enliser dans un conflit majeur pour ne pas voir des bases de l’Otan à ses frontières.

La Russie a, pourtant, signé cette semaine un accord avec l’Union européenne et Kiev, qui pré­voit la reprise des livraisons de gaz à l’Ukraine, de quoi sécuriser l’approvisionnement de gaz à Kiev et à l’Europe avant l’hiver. Moscou avait interrompu ses livraisons de gaz à Kiev en juin, arguant d’impayés colossaux, après la chute en février du président pro-russe Victor Ianoukovitch. Or, l’accord, conclu cette semaine après des mois d’intenses négociations, est venu calmer une Kiev et une Europe inquiètes à l’approche de la saison du chauffage. « Gazprom est, et sera tou­jours un fournisseur de gaz fiable pour l’Eu­rope », a assuré le porte-parole du géant du gaz russe Gazprom. Un double jeu, aux conséquences encore inconnues.

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