A l’approche de la date butoir fixée fin novembre pour sceller un accord définitif à la crise nucléaire iranienne, les chances de la diplomatie restent
« entre parenthèses », les deux camps émettant toujours des «
signaux contradictoires ». Nouvelle inquiétude : un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique — publié vendredi— vient alimenter les craintes occidentales alors que de nouvelles discussions sont prévues le 18 septembre entre Téhéran et les Six en marge de l’Assemblée générale des Nations-Unies. Selon ce rapport, Téhéran n’a pas répondu aux cinq questions posées par l’agence le 25 août sur son programme nucléaire, notamment sur une possible dimension militaire de ce programme. La réponse à ces questions est déterminante en vue de la conclusion, en novembre, d’un accord dans ce dossier aux allures de serpent de mer. Samedi, Téhéran a tenté de se disculper. «
Nous avons prévenu l’AIEA de la complexité des sujets et que l’application totale des cinq points avant le 25 août n’était pas possible », a déclaré le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique.
Dans une tentative de dissiper les craintes à l’approche de la réunion importante du 18 septembre, des rencontres bilatérales auront lieu à partir du 11 septembre entre Européens et Iraniens, de même qu’entre les Etats-Unis et l’Iran, au niveau des directeurs politiques à Vienne. Déjà, des responsables américains et iraniens ont eu, cette semaine, deux jours de négociations à Genève. La teneur de ces négociations n’a pas été donnée par la porte-parole du département d’Etat, Marie Harf, qui s’est contentée de mettre l’Iran en garde concernant sa coopération avec l’AIEA. Selon l’expert du dossier iranien Mohamed Abbas, l’espoir est dans ces réunions bilatérales qui pourraient aboutir à une percée avant le délai. « L’accord de Genève conclu en novembre dernier a été précédé par une série de réunions bilatérales car de telles réunions se déroulent loin des médias et loin de l’influence des faucons des régimes iranien et américain et aussi de l’influence d’Israël opposé à cet accord », explique l’expert.
En novembre dernier, Téhéran et les Six ont conclu un accord de six mois renouvelables, entré en application le 20 janvier. En juillet, ils se sont donné quatre mois supplémentaires pour sceller un accord définitif qui doit permettre de garantir la nature pacifique du programme nucléaire iranien en échange de la levée des sanctions occidentales. Les deux parties divergent, pourtant, sur la taille du programme d’enrichissement d’uranium et le calendrier pour la levée des sanctions.
Satisfaire aux faucons
Selon les experts, ces deux pommes de discorde pourraient menacer les efforts diplomatiques en cours, surtout que la pression des « faucons » des régimes iranien et américain ne cesse de peser sur les négociations en cours. Sans oublier le poids d’un Israël opposé à tout accord avec Téhéran.
Sous forte pression, Téhéran et Washington n’ont cessé, ces dernies jours, de souffler le chaud et le froid pour faire d’une pierre trois coups : satisfaire aux durs de leurs régimes, maintenir la pression sur le camp adverse et obtenir le plus de concessions possibles sur les deux dossiers objet de litige. Preuve de cette dualité : la semaine dernière, Téhéran a interdit aux inspecteurs de l’AIEA une visite au site militaire de Parchin, au moment où il a affirmé avoir commencé à modifier le coeur du réacteur à eau lourde d’Arak « afin de baisser les inquiétudes de certains pays occidentaux ». Le réacteur d’Arak est l’un des points d’achoppement dans les négociations avec les grandes puissances car il pourrait fournir à l’Iran du plutonium susceptible d’être utilisé pour la fabrication d’une bombe atomique.
Parallèlement, les Etats-Unis ont déclenché une surprise, en annonçant la semaine dernière des sanctions supplémentaires contre l’Iran visant plus de 25 entreprises, individus et sociétés accusés de favoriser le programme nucléaire de Téhéran. En revanche, la Maison Blanche, le département d’Etat et le Trésor ont assuré – dans des communiqués simultanés – poursuivre la recherche d’un règlement diplomatique au dossier iranien via les négociations.
Malgré cette ambiguïté de part et d’autre, les deux parties pourraient parvenir à un accord final avant le délai, affirme l’expert Mohamed Abbas, qui pense que les deux camps ont intérêt à signer un tel accord. « D’une part, Téhéran veut se débarrasser des sanctions qui sont un fardeau. D’autre part, Washington veut mener à bien le dossier iranien pour effacer ses échecs en Iraq et en Afghanistan », prévoit l’expert.
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