Le bras de fer qui oppose Moscou à l’Occident a franchi une nouvelle étape, malgré la publication d’un nouveau rapport de l’Onu faisant état de 2600 morts dans le conflit de l’Est ukrainien ainsi que de milliers de blessés et de centaines de milliers de réfugiés en quatre mois. En riposte à l’opération déclenchée par Kiev pour récupérer l’Est ukrainien, la Russie a répondu par une vaste contre-offensive pour maintenir les régions séparatistes dans son «
giron ». Selon l’Otan, plus d’un millier de soldats russes et des centaines de chars combattent aux côtés des séparatistes depuis le début de la semaine et ont réalisé une grande avancée.
Dénonçant une « invasion directe du pays », Kiev a affirmé que les troupes russes avaient pris le contrôle de la ville frontalière de Novoazovsk et de 50 % des régions de Donetsk et de Lougansk, sous les applaudissements du président russe Vladimir Poutine qui a vanté les « succès considérables » des séparatistes. Affirmant sa détermination à voir les régions de l’est échapper à Kiev, l’homme fort de la Russie a qualifié samedi les séparatistes d’« insurgés de la Nouvelle Russie », mot qu’il utilise, depuis avril, pour désigner plusieurs régions de l’est et du sud de l’Ukraine. Selon certains experts, Poutine est prêt à tout pour freiner un rapprochement de cette ex-République soviétique avec l’Ouest. La contre-offensive déclenchée par Moscou était donc prévisible, car M. Poutine ne permettrait jamais aux Occidentaux de lui « voler » une partie de « son ancien empire », pour y planter des bases de l’Otan qui menaceraient les intérêts russes. « Le peuple russe et le peuple ukrainien étaient quasiment un seul et même peuple », a justifié M. Poutine, évoquant pour la première fois un futur Etat dans l'Est ukrainien.
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sanctions occidentales
Le défi russe aurait cependant un « coût élevé » selon les Européens. Tout au long de cette semaine, les réunions des Occidentaux se sont intensifiées pour chercher une réponse appropriée à « l’intervention russe » en Ukraine. Le président américain Barack Obama s’est rendu dimanche en Estonie, avant le sommet de l’Otan les 4 et 5 septembre, pour mettre en garde M. Poutine contre la tentation de s’en prendre à un pays de l’Alliance, aussi petit soit-il.
Soucieux de ne pas enflammer la crise, les 28 dirigeants européens— réunis à Bruxelles en présence du président ukrainien Petro Porochenko — ont donné dimanche une semaine à la Russie pour changer de cap en Ukraine, sous peine de nouvelles sanctions. Des consultations entre les 28 vont avoir lieu tout au long de cette semaine sur l’envergure de ces nouvelles sanctions. Selon les observateurs, celles-ci pourraient toucher les mêmes secteurs déjà visés par l’UE fin juillet : accès aux marchés financiers, armement et technologies sensibles dans le domaine de l’énergie, biens à usage civil susceptibles d’avoir un usage militaire. Pour éviter de nouvelles sanctions, l’UE exige de la Russie qu’elle « retire rapidement toutes ses forces militaires » d’Ukraine. Déjà, avant l’imposition d’un nouveau train de sanctions, le rouble est tombé à un niveau jamais vu face au dollar, les investisseurs s’inquiétant d’un renforcement des sanctions contre Moscou.
La question à présent est quel coût la Russie est-elle prête à assumer pour freiner le rapprochement de l’Ukraine avec l’Ouest ?
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