Les deux parties vont se lancer dans des discussions intensives en juillet. (Photo : Reuters)
Sans surprise, la cinquième session de négociations nucléaires entre l’Iran et les grandes puissances a pris fin vendredi à Vienne sur un «
blocage ». «
Les négociations étaient très dures mais constructives. Il n’y a pas d’évolution dans la position des Iraniens sur la plupart des sujets », a déclaré une haute responsable américaine à l’issue des discussions, alors que le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, s’est montré plus ou moins sceptique: «
Il n’y a pas encore d’accord sur les principales questions. Dans certains cas, on peut entrevoir une lueur et dans d’autres pas ». Dans l’espoir d’aplanir les divergences avant la date butoir, les deux parties vont reprendre le 2 juillet leurs discussions, alors qu’une réunion de hauts responsables des Six a lieu le 26 juin à Bruxelles.
Même si un éventuel prolongement de la période des négociations pour six autres mois demeure une option sur la table, ni l’Iran, ni les Six n’envisagent de prolonger la discussion. Tout se passe, au contraire, comme si les parties voulaient profiter du sentiment d’urgence lié à la date limite pour faire émerger un accord. C’est pourquoi les deux parties ont décidé à Vienne de hausser le rythme de leurs rencontres en juillet. A ce sujet, les Etats-Unis avaient souligné que des négociations « sous une forme ou sous une autre » auraient lieu « chaque jour » d’ici au 20 juillet.Selon les experts, une prolongation des discussions serait fort risquée politiquement, tant pour les Etats-Unis qui éliront en novembre un nouveau Congrès sans doute encore plus méfiant envers l’Iran, que pour le président iranien Rohani, en butte à la suspicion des conservateurs du régime.
Deux pierres d’achoppement
Malgré ce blocage, une lueur d’espoir a illuminé la réunion de Vienne quand les deux parties ont commencé la rédaction d’un document final, tout en reconnaissant la persistance de « nombreuses divergences ». Selon plusieurs sources, seuls quelques points secondaires et le titre « Programme général d’action commune » ont commencé à être rédigés, laissant de côté les « questions épineuses ». L’annonce que les parties planchent sur un document commun signifie que les experts ont fini de délimiter leurs points de divergence, et que les différentes options pour les régler sont devenues claires, a affirmé Abbas Aragchi, chef des négociateurs iraniens.
Pour l’heure, deux désaccords fondamentaux persistent. Le premier concerne l’enrichissement d’uranium que Téhéran insiste à conserver. Selon des sources occidentales, la discussion n’a pas encore abordé la question du nombre de centrifugeuses que la République islamique pourrait conserver après un accord. Mais les Occidentaux veulent une réduction « drastique » de leur nombre. Le second différend concerne le rythme de la levée des sanctions après un éventuel accord. « Elles doivent être levées selon un calendrier, mais il y a un désaccord sur ce calendrier », a reconnu M. Zarif. Selon Washington, « l’arme des sanctions constitue la meilleure carte de pression ou plutôt la meilleure incitation à l’Iran pour négocier : un allégement doit être extrêmement limité et réversible », a affirmé le secrétaire américain au Trésor, Jacob Lew. L’accord de novembre 2013, qui a permis de lancer la négociation, prévoit un dégel des sanctions à hauteur de 4,2 milliards de dollars, par tranche de 550 millions jusqu’à la date butoir du 20 juillet.
Depuis le début de l’année, les Six et la République islamique négocient un accord historique devant garantir aux grandes puissances que l’Iran ne cherche pas à se doter de la bombe atomique, en échange de la levée des sanctions internationales. Or, depuis mai, la rédaction d’un document commun a mis à nu l’ampleur des désaccords entre les deux parties qui avaient ajouté à leurs agendas plusieurs jours d’entretiens bilatéraux entre Téhéran et Washington au début du mois. Selon les experts, l’espoir réside dans ces réunions bilatérales où les deux parties discutent calmement loin des médias, loin de l’aile dure des régimes iranien et américain et aussi loin de l’influence d’Israël. N’oublions pas que l’accord de Genève avait été précédé par plusieurs réunions bilatérales.
Lien court: