A quinze jours du premier anniversaire de la vague de contestation antigouvernementale de juin 2013, la catastrophe minière suscitée par la mort de 301 mineurs dans la mine de charbon de Soma (ouest) a dégénéré en fronde contre le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. Mauvaise coïncidence : Erdogan doit annoncer dans les prochaines semaines sa candidature à un premier scrutin présidentiel au suffrage universel prévu le 10 août prochain.
Alors que les opérations de récupération des victimes touchaient samedi à leur fin, des milliers de Turcs sont descendus dans les rues pour manifester leur mécontentement et demander la démission du gouvernement, qu’ils accusent d’indifférence au sort des travailleurs, notamment dans le secteur minier. Comme d’habitude, les forces de l’ordre sont intervenues violemment à grand renfort de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les manifestants dans toutes les villes turques : Izmir, Ankara et Istanbul.
Même s’il a promis de faire « toute la lumière » sur les causes de cet accident, M. Erdogan a imputé cette catastrophe à la seule fatalité, balayant toutes les accusations de négligence et donnant en exemple des accidents survenus en France au début du siècle précédent, de quoi exacerber la colère populaire. Selon les experts, cette nouvelle fronde ne va pas amenuiser les chances de l’homme fort du pays — fort appuyé sur ses réalisations économiques — lors de la prochaine présidentielle. La preuve: Erdogan est sorti renforcé d’élections municipales que son parti a remportées haut la main le 30 mars dernier, alors qu’il était fragilisé par un vaste scandale de corruption qui a éclaté en décembre.
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