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Abir Taleb , (avec Agences) , Mercredi, 27 novembre 2024

La CPI a lancé deux mandats d’arrêt contre Benyamin Netanyahu et Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Si les deux hommes ne risquent pas pour autant de se retrouver derrière les barreaux, la symbolique est grande.

Criminels

C’est une décision qui fera date. Pour la première fois depuis la création de la Cour Pénale Internationale (CPI) en 2002, deux responsables politiques israéliens, et pas des moindres, sont inculpés contre la volonté des Occidentaux. Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant. Jeudi 21 novembre, la CPI a émis des mandats d’arrêt contre les deux hommes, poursuivis pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Entre ces deux mandats d’arrêt et une potentielle comparution, un long et incertain chemin reste à parcourir. Pour autant, la décision de la CPI représente un tournant dans la justice internationale. Et ce, pour plusieurs raisons.

D’abord, ces mandats d’arrêt viennent confirmer la gravité des crimes commis à Gaza. Des crimes documentés par les organisations humanitaires sur place et par les experts. Ce n’est pas la première fois qu’Israël est mis en cause. Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés, a déjà produit une succession de rapports officiels détaillant le régime d’apartheid d’Israël, ainsi que ses crimes de génocide à l’encontre des Palestiniens. Aussi, l’Afrique du Sud a introduit une procédure pour génocide contre Israël devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) en décembre dernier. Fin octobre, elle a déposé son dossier de preuves, alors que plusieurs pays se sont joints à la procédure intentée par l’Afrique du Sud contre Israël.

Ensuite, jusque-là, la Cour ne s’attaquait ni aux puissances occidentales, ni à leurs protégés. C’est donc un moment historique. Pour la première fois, un Etat qui se dit démocratique voit ses principaux dirigeants mis en accusation par une juridiction internationale. La justice internationale parvient ainsi à rappeler que la violation du droit international doit avoir des conséquences et que les Israéliens ne peuvent être une exception à la règle. En lançant un mandat d’arrêt contre un dirigeant soutenu par la plus grande puissance du monde, la CPI renforce sa crédibilité. Mais risque de remettre en cause celle de ses 124 pays membres (bientôt 125 avec la future adhésion de l’Ukraine en janvier prochain), qui seraient théoriquement dans l’obligation d’arrêter Netanyahu s’il se rend sur leur territoire. Si aucune sanction n’est prévue quand un Etat ne respecte pas les décisions de la CPI, il s’agit tout de même d’un test pour la coopération internationale en matière de justice. Notamment pour tous les pays européens qui reconnaissent l’institution, qui se retrouvent en position délicate et qui devront faire face à leurs responsabilités.

Enfin, s’il demeure très peu probable de voir Netanyahu derrière les barreaux, la décision aura sans aucun doute un lourd impact politique sur le premier ministre israélien qui voit incontestablement ses déplacements internationaux réduits et son image sérieusement mise en cause.

Tout cela marque, en soi, de petits succès. En attendant que justice soit faite .

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