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Sur le fil du rasoir

Abir Taleb , Mercredi, 06 novembre 2024

La tension reste extrême entre Israël et l’Iran, les deux pays faisant monter les enchères sur une potentielle escalade. Le cours que prendront les choses dépendra en grande partie du prochain président américain.

Sur le fil du rasoir

Entre l’Iran et Israël, tout n’est pas encore joué. Cette semaine, les signes d’alertes sont passés au rouge, même si, théoriquement, les différents foyers de tension dans la région devraient rester en suspens jusqu’à l’arrivée du nouveau locataire de la Maison Blanche.

Des avions de combat américains B-52 sont arrivés au Moyen-Orient, ont indiqué samedi 2 novembre les forces armées des Etats-Unis, au lendemain de l’annonce par le Pentagone de nouveaux déploiements militaires pour « défendre Israël » et mettre en garde l’Iran. La veille, le Pentagone a annoncé le déploiement de nouveaux équipements militaires dans « la zone de responsabilité américaine » au Moyen-Orient, notamment des bombardiers, des chasseurs, des avions ravitailleurs et des destroyers pour la défense antimissile balistique. Et la semaine dernière, le Commandement central américain (CENTCOM) annonçait le déploiement d’un escadron d’avions de combat F-16. En parallèle, l’armée israélienne a affirmé dimanche 3 novembre que le chef du CENTCOM, le général Michael Kurilla, a tenu une réunion d’évaluation avec le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzl Halevi.

Les Etats-Unis donnent le ton. « Si l’Iran, ses partenaires ou ses groupes affiliés profitent de ce moment pour prendre pour cible le personnel ou les intérêts américains dans la région, les Etats-Unis prendront toutes les mesures nécessaires pour (se) défendre », a mis en garde le ministère américain de la Défense.

Mais il ne s’agit pas seulement de défendre les intérêts américains, ce sont surtout les intérêts et la sécurité d’Israël que les Etats-Unis veulent garantir. En effet, selon le site américain Axios, les responsables américains ont fait savoir, par l’intermédiaire de l’ambassade suisse à Téhéran, qu’en cas d’attaque de missiles balistiques iraniens, les Etats-Unis « ne seront pas en mesure cette fois-ci de retenir Israël. Nous ne pourrons pas assurer que la réplique israélienne soit calibrée et vise les mêmes cibles ».

Washington en chef d’orchestre

Ni Washington ni Téhéran n’ont réagi à cette information. Toutefois, selon le Wall Street Journal, l’Iran préparerait une riposte « complexe » contre Israël avec des « missiles plus puissants », mais pourrait attendre la fin de l’élection américaine pour frapper.

Du côté de Téhéran, on souffle le chaud et le froid. Dimanche 3 novembre, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a déclaré qu’un éventuel cessez-le-feu entre les alliés de Téhéran et Israël pourrait influer sur la riposte de son pays aux frappes israéliennes menées le 26 octobre contre l’Iran. Plus virulent, le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a déclaré la veille : « Les ennemis, qu’il s’agisse du régime sioniste ou des Etats-Unis d’Amérique, pourraient faire face à une riposte cinglante pour ce qu’ils font à l’Iran, à la nation iranienne et au front de la résistance ».

Côté israélien, on fait monter les enchères de façon plus directe. Les médias israéliens ne cessent de faire état d’une prochaine attaque iranienne. La radio publique israélienne Kan a indiqué samedi que les autorités américaines avaient identifié des « mouvements » montrant que l’Iran était en train de préparer sa riposte, mais qu’il n’y avait pas encore de certitude sur le moment ou la manière dont elle aurait lieu. Et selon la chaîne israélienne N12, les services de sécurité israéliens estiment que l’Iran pourrait préférer agir par l’intermédiaire de ses milices chiites en Iraq ou au Yémen, plutôt que d’opter pour une riposte directe et ce, afin de limiter le risque d’une nouvelle attaque israélienne sur le sol iranien. Selon cette même source citée par la chaîne israélienne, la haute direction des services de sécurité serait prête à une riposte des plus fermes en cas d’attaque, quelle qu’en soit l’origine. Bref, l’Etat hébreu semble faire valoir l’hypothèse d’une attaque iranienne pour justifier une potentielle attaque israélienne. Or, Téhéran comme Tel-Aviv se trouvent dans une position délicate. Si l’absence de réponse peut être perçue comme un aveu de défaite par l’Iran, le pays ne peut pas pour autant s’engager dans une guerre éprouvante contre Israël, déstabilisatrice et coûteuse dans tous les sens. Quant à Israël, il est lui aussi confronté à de sérieux défis : plusieurs fronts ouverts qui risqueraient de conduire à de nombreuses pertes humaines et d’avoir un sérieux impact sur le gouvernement déjà divisé de Benyamin Netanyahu.

Entre les deux, reste un acteur et pas des moindres : les Etats-Unis. Ce sont eux qui orchestreront les étapes à venir du conflit. Mais il faudra d’abord savoir qui sera le prochain président américain.

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