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La guerre en Ukraine et l’inconnue de la présidentielle américaine

Maha Salem , Mercredi, 16 octobre 2024

Alors que Moscou poursuit ses avancées sur le terrain, l’Ukraine veut s’assurer de la pérennité du soutien occidental, notamment à l’approche de l’arrivée d’un nouveau président américain.

La guerre en Ukraine et l’inconnue de la présidentielle américaine
(Photo : AFP)

Alors que l’attention est portée sur les crises enchevêtrées du Proche-Orient, la guerre en Ukraine continue de préoccuper. Car sur le terrain, chaque partie tente de prendre la main. L’armée russe tente de repousser les positions ukrainiennes dans la région russe de Koursk, où l’Ukraine tient depuis le mois d’août des pans entiers de territoires. Mais l’armée ukrainienne « tient bon », selon le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Pourtant, Moscou, qui a affirmé avoir repris deux villages dans ce secteur, s’est engagé à poursuivre ses « actions » pour repousser les forces ukrainiennes hors de son territoire.

L’armée ukrainienne, en difficulté face à l’armée russe dans l’est de l’Ukraine, avait lancé le 6 août une attaque d’ampleur dans la région de Koursk. Elle espérait notamment créer une zone tampon près de la frontière pour limiter les bombardements russes sur les localités frontalières ukrainiennes, tout en contraignant la Russie à redéployer ses unités qui sont à l’offensive près de Donetsk, et ainsi freiner leurs avancées. Mais les soldats russes continuent toujours de progresser dans l’est de l’Ukraine.

Tournée européenne de Zelensky

Pour contrer les avancées russes, Zelensky s’est à nouveau tourné vers ses alliés occidentaux. Il a achevé vendredi 11 octobre une tournée européenne qui comprenait la visite du premier ministre britannique, Keir Starmer, du président français, Emmanuel Macron, et de la première ministre italienne, Giorgia Meloni, et du chancelier allemand, Olaf Scholz, sans compter une rencontre avec le pape.

Mais seul Olaf Scholz a promis de nouveaux systèmes de défense aérienne et d’autres armes, ainsi qu’un nouveau programme d’aide militaire, en collaboration avec d’autres partenaires de l’OTAN, d’une valeur de 1,4 milliard d’euros. 170 millions d’euros ont également été réservés au système énergétique ukrainien.

Pourtant, Zelensky, qui a affirmé qu’il visait une fin de la guerre en 2025 tout en présentant son « plan de victoire », continue de réclamer davantage d’armes. « Il est très important pour nous que l’assistance ne baisse pas l’année prochaine », a lancé Zelensky au côté du chancelier allemand. En effet, Kiev ne cesse pas de revendiquer de ses alliés occidentaux de lui livrer davantage d’armes, notamment des missiles à longue portée pouvant toucher le territoire russe en profondeur. Une revendication rejetée, puisque ses alliés interdisent jusqu’ici à Kiev d’utiliser leurs armes pour frapper des cibles militaires en profondeur sur le territoire russe.

« Bien que les pays occidentaux fournissent des aides financières et militaires à l’Ukraine depuis le début de la guerre, Kiev ne réalise aucune avancée notable à cause de plusieurs raisons. Tout d’abord, les Occidentaux posent des conditions sur l’usage de ces armes, car ils craignent un affrontement avec la Russie. Autre raison : l’armée ukrainienne est faible et incapable de combattre une armée aussi forte comme celle de la Russie », explique Dr Mona Soliman, professeure de sciences politiques à l’Université du Caire, qui estime toutefois que le fait que l’Ukraine résiste encore est en soi une prouesse. « Sans les armes et les aides européennes et américaines, la guerre aurait fini en un seul mois », souligne-t-elle.

Mais la question est de savoir quel sera l’avenir du soutien américain après l’élection présidentielle américaine. Cette tournée a été organisée aussi à moins d’un mois de l’élection présidentielle américaine, dont l’issue incertaine fait craindre à Kiev pour la pérennité du soutien américain. Zelensky devait initialement rencontrer le président américain, Joe Biden, ainsi que d’autres membres-clés de l’OTAN lors d’une réunion sur la base aérienne de Ramstein prévue samedi dernier. Cependant, la réunion a été reportée après que Biden était resté aux Etats-Unis, en raison de l’ouragan Milton. En l’absence de nouvelle date sur la table pour la réunion, l’Ukraine pourrait être nerveuse à l’approche de l’élection américaine, dans moins d’un mois, car la visite de Biden pourrait ne pas avoir autant de poids lorsque sa présidence touche à sa fin. « Le statu quo va perdurer jusqu’à l’élection présidentielle américaine. Tout dépendra du futur président américain et de sa politique étrangère », explique l’analyste, qui conclut que « la tournée de Zelensky avait aussi pour objectif d’attirer l’attention de la communauté internationale à la guerre en Ukraine éclipsée par l’escalade au Moyen-Orient ».

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