Mercredi, 11 décembre 2024
Al-Ahram Hebdo > Monde >

Les nouveaux calculs de Kiev

Maha Salem , Mercredi, 14 août 2024

En entreprenant, pour la première fois depuis le début de la guerre, des incursions en territoire russe, Kiev tente de renverser la situation ou, du moins, de faire entrer la guerre en Ukraine dans une nouvelle phase.

Les nouveaux calculs de Kiev
Cette photo, prise le 11 septembre 2022, montre une vue générale de la centrale nucléaire de Zaporijjia à Energodar.

Déplacer la guerre en territoire russe. C’est le but désormais affiché de Kiev. Et c’est dans ce contexte où la guerre semble être entrée dans une nouvelle phase qu’un bombardement massif a touché, dimanche 11 août, la centrale de Zaporijjia, occupée depuis mars 2022 par les Russes. Un bombardement qui a provoqué un incendie dans le système de refroidissement de la centrale. L’incendie a été maîtrisé et « aucun impact n’a été signalé sur la sûreté nucléaire », a rassuré l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), qui dispose d’une équipe d’experts dans la centrale de Zaporijjia. Mais les Russes, comme les Ukrainiens, se rejettent la responsabilité du raid.

Cette évolution intervient alors que cette semaine, pour la première fois depuis le début de la guerre, l’armée ukrainienne s’est enfoncée en profondeur des territoires russes, surtout dans la région de Koursk. L’offensive ukrainienne a commencé le 6 août, lorsque des unités militaires ont traversé la frontière et pénétré dans la région de Koursk, y avançant de plusieurs dizaines de kilomètres, d’après des analystes indépendants. Cette incursion ukrainienne est intervenue après des mois de retraite face à l’armée russe. Et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, l’a reconnue en déclarant que Kiev cherchait à « déplacer la guerre sur le territoire de l’agresseur ».

Attirer de nouveau l’attention sur l’Ukraine

Après quelques jours de combats acharnés, l’armée russe a assuré dimanche 11 août avoir stoppé cette avancée. Et Moscou a promis des représailles sévères. Face à cette « tentative sans précédent de déstabiliser la situation », les autorités russes ont annoncé la mise en place du « régime d’opération antiterroriste » dans les régions de Koursk, de Belgorod et de Briansk, toutes limitrophes de l’Ukraine. Cette mesure implique notamment des « restrictions dans la circulation des véhicules et des piétons dans les rues, sur les routes » et dans l’utilisation des moyens de communication.

« Cette opération sans précédent est un revers inattendu pour les Russes qui, jusque-là, avaient l’initiative et gagnaient inexorablement du terrain. Le président ukrainien sait que son opération ne peut durer que quelques jours seulement, car il n’a pas la capacité de combattre l’armée russe malgré tous les renforts et les aides militaires et financières délivrées à Kiev par les Occidentaux. L’Ukraine a mené cette opération juste pour attirer l’attention de la communauté internationale », estime Dr Bassem Rashad, analyste au Centre de la pensée et des études politiques, tout en expliquant que « la guerre en Ukraine a été éclipsée par de nombreuses crises comme la guerre à Gaza et les risques d’extension régionale du conflit, la prochaine présidentielle américaine prévue en novembre et même les Jeux olympiques de Paris. Et on sait d’avance que la guerre en Ukraine ne connaîtra aucune évolution majeure jusqu’à l’arrivée du nouveau président américain à la Maison Blanche ».

L’analyste explique également que l’armée ukrainienne n’a réalisé aucune avancée depuis un an et qu’elle ne fait que se défendre seulement. « En revanche, l’armée russe occupe les territoires ukrainiens et détruit ses infrastructures. Toutes les armes et le soutien américain et européen restent vains », dit-il. En effet, après le sommet de l’OTAN de juillet, l’Ukraine a reçu une aide militaire occidentale considérable, c’est pourquoi elle tente de renverser la situation et de réaliser une certaine victoire militaire.

Reste que la guerre ne pourra se terminer que par la négociation. « Les Européens en sont conscients et veulent pousser les deux camps à la table de négociations. Cependant, il faudra attendre de voir la politique du prochain président américain », conclut Rashad.

Mots clés:
Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique