Pendant que le président russe, Vladimir Poutine, faisait sa tournée asiatique, la guerre continuait de faire rage en Ukraine. Cette semaine, c’est notamment Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine, qui a été largement bombardée et le fragile système énergétique du pays a été touché. Au point que « la moitié de la capacité énergétique de l’Ukraine » a été détruite, comme l’a affirmé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Des attaques qui n’ont pas été niées par Moscou : le ministère russe de la Défense a dit avoir mené une « frappe groupée » contre des installations énergétiques ukrainiennes « en réponse » aux attaques de Kiev sur son propre territoire.
« La Russie a changé sa stratégie de frappes. Elle vise à détruire l’infrastructure de l’Ukraine, notamment son système énergétique. L’armée russe vise aussi à détruire l’infrastructure militaire, surtout avec les annonces des aides militaires et financières accordées à l’Ukraine par les Occidentaux », affirme Bahaa Mahmoud, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, tout en ajoutant que les objectifs de Poutine n’ont pas changé. Ce qui alimente davantage les tensions entre Moscou et Washington. Le ministère russe de la Défense a accusé les Etats-Unis d’avoir une « responsabilité » dans une frappe meurtrière dimanche 23 juin en Crimée, car elle aurait été conduite avec des missiles ATACMS, fournis par Washington à Kiev. Une frappe qui a fait cinq morts et une centaine de blessés à Sébastopol. « La responsabilité de la frappe de missiles délibérée contre des civils à Sébastopol incombe avant tout à Washington, qui a fourni ces armes à l’Ukraine, ainsi qu’aux autorités de Kiev », a dénoncé le ministère dans un communiqué, prévenant que « de telles actions ne resteront pas sans réponse ».
En avril, Washington avait annoncé avoir envoyé des missiles ATACMS de plus longue portée à l’Ukraine, qui les réclamait de longue date afin de pouvoir frapper plus loin derrière la ligne de front. Et fin mai, Washington a accepté que les Ukrainiens utilisent les armes américaines pour frapper, dans certains cas, des cibles sur le territoire russe proches de cette zone. Cette décision faisait suite au lancement, début mai, d’une offensive terrestre surprise de la Russie dans la région de Kharkiv, où les combats restent violents.
Ces développements sur le terrain interviennent quelques jours après la tenue en Suisse d’une conférence de paix sur l’Ukraine. Les participants ont convenu dimanche que le « dialogue entre toutes les parties » et le respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine étaient le chemin à suivre pour mettre fin au conflit ukrainien. Mais la Russie n’était pas représentée en Suisse et Poutine a déclaré vendredi qu’il négocierait avec l’Ukraine en cas de retrait des forces ukrainiennes des quatre régions qu’il revendique et lorsque Kiev aura renoncé à rejoindre l’OTAN. « Poutine campe sur sa position et maintient ses conditions avant tout dialogue. Des conditions rejetées par Kiev et l’Occident. Ce qui n’annonce pas une fin proche de la guerre », conclut l’analyste.
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