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Poutine : Une tournée et de nombreux messages

Maha Salem , Mercredi, 26 juin 2024

Avec sa visite en Corée du Nord puis au Vietnam, le président russe, Vladimir Poutine, continue de chercher à renforcer ses alliances face à un Occident qui lui est de plus en plus hostile. Un difficile jeu d’équilibriste.

Poutine : Une tournée et de nombreux messages
Vladimir Poutine et Kim Jong Un ont signé un « traité pour un partenariat global » qui prévoit une assistance mutuelle en cas d’agression contre une partie du traité.

Un mois à peine après sa visite en Chine, le président russe, Vladimir Poutine, sous le coup de sanctions internationales, s’est rendu cette semaine en Corée du Nord et au Vietnam. En se tournant vers l’Asie, Poutine cherche de nouvelles alliances. Dans ces deux pays, le dirigeant russe a signé des accords importants pour son pays, ainsi que pour les pays hôtes, et vus de très près par ses ennemis.

En effet, après la deuxième rencontre entre Poutine et Kim Jong Un en moins d’un an, les deux hommes ont signé un accord de défense mutuelle, car ils « luttent ensemble » contre l’« hégémonie » américaine. « La Russie et la Corée du Nord mènent toutes deux une politique étrangère indépendante et n’acceptent pas le langage du chantage et du diktat », a exprimé le dirigeant russe en qualifiant l’accord de « document véritablement révolutionnaire », ajoutant que la Russie « n’excluait pas pour elle-même une coopération militaro-technique » avec Pyongyang. Quant au dirigeant nord-coréen, Kim Jong Un, il a assuré que l’accord était « exclusivement pacifique et défensif ». Qualifiant Vladimir Poutine de « meilleur ami » de son pays, il a salué l’avènement d’une « nouvelle ère » dans les relations avec Moscou.

Concrètement parlant, l’accord peut déboucher sur de nouvelles livraisons de munitions et de missiles nord-coréens à l’armée russe. Mais pas seulement. « Le traité pour un partenariat global prévoit, entre autres, une assistance mutuelle en cas d’agression contre une partie du traité », a déclaré Poutine à la presse après avoir signé le document. « Il s’agit là d’un point très important et c’est ce qui inquiète le plus les Occidentaux », estime Dr Bahaa Mahmoud, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Selon lui, « la Russie, en guerre depuis deux ans et soumise à des sanctions, a besoin du soutien militaire de Pyongyang, très développée en la matière. A son tour, la Corée du Nord, soumise elle aussi à des sanctions internationales, a besoin du soutien de la Russie en matière de livraison de nourriture et d’énergie », explique-t-il. En effet, Américains et Européens s’inquiètent depuis des mois du rapprochement accéléré entre Moscou et Pyongyang, accusant les Nord-Coréens de livrer massivement des munitions et des missiles à la Russie. En échange, selon Washington et Séoul, la Russie a fait bénéficier la Corée du Nord de son expertise pour son programme de satellites et envoyé de l’aide pour lutter contre les pénuries alimentaires.

Briser l’isolement mais pas seulement

Par cette mini-tournée, le président russe brise aussi son isolement. « Visé par un mandat d’arrêt par la Cour Pénale Internationale (CPI), Poutine est interdit d’entrée dans près de 80 pays. Ses déplacements sont rares, mais il cherche à renforcer ses alliances et à s’assurer du soutien de ses alliés, d’autant plus que la guerre semble s’inscrire dans la durée », explique Dr Mona Soliman, professeure de sciences politiques à l’Université du Caire. Or, cet accord de défense comporte aussi des risques pour Moscou, qui, selon Soliman, peut se trouver entraîner dans de nouvelles crises.

Quant à la visite de Poutine au Vietnam, elle s’est soldée par plusieurs accords de partenariat dans les domaines de la justice, de la technologie, de l’exploitation d’hydrocarbures, de l’éducation et du nucléaire civil. « C’est un partenariat d’un autre genre mais tout aussi important pour Moscou, économique bien sûr parce que le Vietnam est une économie régionale importante, mais bien plus. Contrairement à la Corée du Nord, le Vietnam entretient de bonnes relations avec les Etats- Unis, ce qui signifie que la Russie veut être présente dans les régions sous influence américaine », explique Soliman. Et de conclure : « Moscou envoie aussi un message à Pékin. Les relations entre la Chine et le Vietnam sont tendues, à cause de tensions en mer de Chine méridionale où Hanoï s’inquiète des visées expansionnistes de Pékin. Avec cette visite, la Russie veut dire à la Chine qu’elle est certainement son allié, mais pas son vassal et ce, alors qu’il a été souvent dit que la Russie est en position de faiblesse dans son alliance avec la Chine ».

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