C’est sa première visite en plus d’une décennie marquée par des discussions épineuses sur la sécurité régionale et le partage des eaux. Lundi, sur les sujets qui fâchent, Erdogan et le premier ministre iraqien, Mohamed Chia Al-Soudani, s’en sont tenus aux positions traditionnelles de leurs pays, tout en mettant en avant les opportunités économiques à venir.
Outre la signature de 24 protocoles d’entente, Soudani s’est félicité d’un accord-cadre stratégique visant à construire une coopération durable dans tous les domaines via des commissions permanentes pour la sécurité, l’énergie et l’économie. Les pourparlers ont aussi porté sur le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). « Nous avons discuté des mesures communes qui peuvent être prises contre le PKK et ses extensions, qui ciblent la Turquie depuis le territoire iraqien », a insisté Erdogan.
La Turquie possède depuis 25 ans des bases militaires au Kurdistan iraqien pour lutter contre les bases arrière du PKK. Soudani a, lui, sobrement évoqué une « coordination sécuritaire bilatérale » qui répondra « aux besoins des deux parties et permettra de faire face aux défis posés par la présence d’éléments armés, susceptibles de coopérer avec le terrorisme et de violer la sécurité des deux pays ».
Autre sujet de contentieux, le partage des eaux du Tigre et de l’Euphrate. Les autorités iraqiennes fustigent le voisin turc pour les barrages construits en amont qui ont réduit le débit des deux fleuves mythiques arrivant en territoire iraqien. Lundi, les deux pays ont passé un accord-cadre sur la question de l’eau d’une durée de dix ans. Objectif : lancer des projets conjoints visant à « améliorer la gestion des eaux des deux fleuves », a assuré M. Soudani, qui espère ainsi une « administration commune et équitable des ressources hydriques ». « Il n’est dans l’intérêt de personne que la situation s’aggrave concernant l’eau et la quote-part de l’Iraq », a-t-il jugé. A l’ordre du jour figurait aussi la Route du développement, projet ambitieux de route et de voie ferrée, corridor de 1 200 km devant relier d’ici 2030 le Golfe à la Turquie en passant par l’Iraq. Lundi, en présence d’Erdogan et de Soudani, quatre ministres représentant l’Iraq, la Turquie, les Emirats arabes unis et le Qatar ont signé un mémorandum d’accord quadripartite portant sur leur coopération à propos de la Route du développement, selon un communiqué iraqien.
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