C’est sans surprise que le président russe, Vladimir Poutine, a été réélu avec plus de 87 % des voix lors de l’élection présidentielle qui s’est tenue du 15 au 17 mars. Une élection qui intervient plus de trois ans après le déclenchement de la guerre en Ukraine. Mais aussi dix ans après le décret présidentiel russe officialisant l’annexion de la Crimée par la Russie, le 18 mars 2014. L’image a d’ailleurs été forte en symbole. Le scrutin s’est aussi tenu dans les régions « conquises » ou « occupées », selon les termes utilisés par les uns ou les autres, par la Russie en Ukraine. De quoi susciter la réprobation de la communauté internationale, avec en tête le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres. Elle intervient aussi au moment où la Russie semble dominer le terrain — même si la guerre n’est pas encore tranchée —, et les Occidentaux, notamment les Européens, semblent s’en inquiéter de plus en plus, notamment en raison des réserves américaines quant à l’envoi de davantage d’aides militaires à l’Ukraine, seul moyen de permettre à Kiev d’échapper à la défaite. A tel point que le président français, Emmanuel Macron, a plus d’une fois évoqué l’hypothèse d’un envoi de troupes en Ukraine.
En face, sitôt réélu, le président russe a affirmé, lundi 18 mars, que ses troupes avaient l’avantage face aux forces de Kiev sur le front en Ukraine et promis que les objectifs de Moscou seraient « atteints » et que « personne ne réussira à faire peur » à son pays. Mais ce n’est pas tout. Dans son discours, il a lancé : « Les militaires de l’Otan sont présents en Ukraine, nous le savons, on entend parler français et anglais sur place ». Et le président russe de réaffirmer la position du Kremlin : « Il est clair pour tout le monde qu’un (conflit entre la Russie et l’Otan) marquerait l’ultime étape avant une Troisième Guerre mondiale. Je pense que pratiquement personne ne veut de cela ».
Cependant, si l’hypothèse est encore lointaine, la tension est palpable. La guerre en Ukraine a ressuscité la vocation de l’Otan, initialement créée pour faire face au front de l’est. L’organisation a récemment lancé, en Arctique, l’exercice militaire Steadfast Defender, le plus important depuis la fin de la Guerre froide. Il mobilise des semaines durant quelque 90 000 hommes, ainsi que des dizaines de navires, blindés et avions de combat. Son objectif ? Dissuader la Russie, redevenue la « principale menace » à la sécurité de l’Alliance euro-atlantique, et lui signifier que l’OTAN est prête à se défendre. La réponse de Moscou ? La Russie est prête au combat, notamment à l’éventualité d’une guerre nucléaire, mais « rien n’y presse » dans l’immédiat, a déclaré le président russe dans un entretien accordé aux médias publics russes le 13 mars.
C’est dire que le ton monte de part et d’autre. Au risque d’embraser le monde.
Lien court: